Monument au(x) Vivant(s) : hommage et biens communs

Marches pour le climat, poussée des partis écologistes aux élections européennes, collapsologie, effondrement de la biodiversité, opposition entre agriculture intensive et agriculture extensive : les questions environnementales prennent de plus en plus une place politique dans la société française et certainement mondiale.

En parallèle à cette montée des eaux médiatiques, de 2017 à 2019, il fut régulièrement question de commémorations : centenaire de la Première et cinquantenaire de la Seconde Guerre Mondiale, entre autres. Les fleurs, les clairons et les discours sont venus réveiller les autels aux morts, les autels à la patrie, louer ceux qui ont donné leur vie pour une nation, pour une république, pour l’utopie d'un monde meilleur.

Récemment, un monument aux morts des attentats de Paris a fait grand débat dans la sphère artistique : un Bouquet de Tulipes, don de l'artiste Jeff Koons. Débat par son esthétique, son installation et son contexte.

Suite à ces périodes de commémoration et à partir d’un souvenir d'enfance, j'ai eu l'idée de créer un Monument au(x) Vivant(s).

Ce que vous allez apprendre

  • Comment une personne atypique provoque une réflexion artistique
  • Qu'est-ce qu'un monument commémoratif
  • Les enjeux de la création d'un Monument au(x) Vivant(s)
Emma Goldman
Ma compassion a toujours été du côté des vivants. Les morts, eux, n'en ont plus besoin.

De l’apparition d’un Monument au(x) Vivant(s)

Les Tulipes de Jeff Koons
Les Tulipes de Jeff Koons Eduardo Zárate

Lorsque j’étais petite, il y avait un fou (ce genre de personnage qui marque des générations avec leur dégaine, leurs manies et leurs monologues) dont on pouvait suivre la trace en ville : il fleurissait les déjections canines !

Le dégoût qu’il m’inspirait à l’époque a laissé place au respect, voire à l’enthousiasme. Mais pourquoi donc ?

Etant artiste, ce souvenir a nourri un projet de fleurir non pas les sanitoutous, mais tous ces cadavres qui trônent aux bords des routes. Quand vous prenez la voiture régulièrement, vous ne pouvez pas passer une semaine sans voir un animal mort sur le bas-côté.

Un jour, mue par une curiosité statisticienne, j’ai décidé de calculer approximativement le nombre d’animaux morts par an et aperçu sur mon périmètre de circulation. En une semaine j’avais vu un renard et deux hérissons. J’ai multiplié ce nombre par 52, soit le nombre de semaine en une année : j’ai potentiellement longé 156 animaux morts écrasés par une voiture lors de mes déplacements en une année.

Mon respect pour les victimes des attentats de l’année 2015, dont l’œuvre de Jeff Koons est un hommage, ne me permet pas de comparer leur nombre à ces potentiels animaux morts au bord des routes. Cependant je peux m’interroger sur l’existence d’un objet, d’un moyen de sensibiliser à la disparition massive du vivant.

Le génial Hayao Miazaki a par exemple décidé de réaliser un sanctuaire sur une île nippone, perpétuant par là sa vision et son implication à la sensibilisation du vivant.

Sans prétendre au génie de Monsieur Miazaki, je me suis mise à imaginer ce que pourrait être un Monument au(x) Vivant(s). Non pas pour se souvenir de ceux qui furent mais pour se rappeler que certains vivent encore.

Sophie-Dorothée Kleiner
Souvent le corps est mis en défaut face à un monument : surplomb, hauteur, massivité, le monument impose. Il souhaite nous rendre humbles, reconnaissants et respectueux.

À la définition des hommages

Mausolée à la gloire du dictateur Franco
Mausolée à la gloire du dictateur Franco Contando Estrelas

Pour construire un Monument au(x) Vivant(s), faut-il encore comprendre ce qu’est un monument aux morts.

Les monuments aux morts il y en a de toute sorte et de tous contextes. À chaque monument, il y a le donneur d’ordre : maire, général, chef totalitaire ou élu démocratiquement. Et il y a ceux à qui le monument est destiné : le citoyen, le rebelle, l’étranger.

Le monument ne se limite pas au monument aux morts, qu’ils soient politiques, artistiques ou religieux, les monuments nous dominent, nous impressionnent, nous forcent au recueillement. Souvent le corps est mis en défaut face à un monument : surplomb, hauteur, massivité, le monument impose. Il souhaite nous rendre humbles, reconnaissants et respectueux.

Ainsi, par cette relation au corps et à l’esprit, un monument est un outil architectural ou artistique non anodin : il est là pour influencer, émouvoir, toucher, convaincre, transformer l’individu. De sorte qu’un monument est fait pour durer dans le temps, s’inscrire dans une histoire, traverser des évolutions.

Monument commémoratif de la bataille de Sutjeska dans la vallée des héros, Tjentiste, République serbe de Bosnie et Bosnie-Herzégovine
Monument commémoratif de la bataille de Sutjeska dans la vallée des héros, Tjentiste, République serbe de Bosnie et Bosnie-Herzégovine Nicolas Milhé
Germaine Tillion
Comme l'a dit, il y a trois siècles, Jean de la Bruyère : un innocent condamné injustement est l'affaire de tous les honnêtes gens. Nous sommes solidaires et co-responsables de tous les crimes commis par toute l'humanité dans la mesure même où nous nous en sommes désintéressés. L'ignorance et la lâcheté ne sont pas des excuses.

Vers la responsabilité

Code de Hammurabi, roi de Babylone
Code de Hammurabi, roi de Babylone Mbzt

Parmi les monuments les plus emblématiques et anciens, citons le code d’Hammourabi : un monument support aux 282 lois Babyloniennes d’alors (XVIIIe siècle avant notre ère) conservé au Louvre.

Cette pierre gravée est née de la volonté d’un roi d’asseoir son autorité en légiférant son royaume. Des copies de cette pierre étaient disposées dans plusieurs villes du royaume babylonien.

Ainsi visible de tous (bien que lisible que par certains) nul (notable, homme libre ou esclave) ne pouvait ignorer les jurisprudences de l’époque, à savoir comment régler les conflits et recevoir des châtiments ou des gratifications équitables selon son rang.

De l’usage des biens communs

Lors de mes recherches pour créer un Monument au(x) vivant(s), j’ai découvert que le rôle d’un monument est avant tout de témoigner de la responsabilité d’une société.

C’est à dire que si une société ou une communauté (et non plus un seul individu) érige en son sein un monument rappelant les lois appliquées au(x) vivant(s), elle admet de fait que ce qui est vivant a des droits et des devoirs : que cette société se rend responsable de ses membres.

Ainsi ce potentiel Monument au(x) Vivant(s) est bien plus qu’un jeu de mot, une méthodologie Couet, un placebo de conscience : c’est un objet éminemment politique, remettant au cœur des espaces publiques la question de la responsabilité des individus pour leur compte et celui d’autrui.

C’est, en d’autres termes, la reconnaissance de notre appartenance à un tout essentiel et interdépendant.

Oeuvre Monument de Christian Botanlski
Oeuvre Monument de Christian Botanlski David Huguenin

Ainsi il m’est apparu clairement qu’œuvrer à la protection du vivant aujourd’hui c’est, je pense, se préserver (dans une visée égalitaire et juste) d’un totalitarisme futur au nom de l’accès à l’eau, à la nourriture et à l’énergie ou d’une fosse abyssale entre les humains à haut revenu (qui posséderont les solutions à leur survie) et à faible revenu (qui subiront de plein fouet les conséquences des changements climatiques), avec ce que cela peut amener comme mouvements violents d’oppression ou de contestation.

Nous sommes tous responsables de nos vies, de nos actions, de nos paradoxes et de notre présent. S’il est indiscutable que la situation est grave, il serait bon de se rappeler que nous sommes une espèce parmi d’autres, qu’il en va de notre intérêt en tant qu’espèce de protéger les autres. Mais rien n’indique que, si notre espèce disparaissait, le vivant disparaîtrait également de la planète Terre.

Les biens communs

Pour mieux comprendre la notion de biens communs, vous pouvez réécouter les émissions de France Culture « Entendez-vous l’éco » et « Matière à Penser ».

Les biens communs bougent les lignes de la définition de la propriété privé et propriété publique. Ils remettent le partage et la pondération au cœur des usages. Il est donc intéressant de voir comment la société civile peut réagir et réfléchir à la collectivisation de certaines ressources, sans tomber dans l’exclusivité et le communautarisme.

Sophie-Dorothée Kleiner
Quelles sont les limites à venir à nos libertés individuelles si l'espèce humaine est en voie d'extinction ?

Avoir conscience

Homo Sapiens : une espèce comme une autre ?
Homo Sapiens : une espèce comme une autre ? DEFI-Écologique

Portée par ce postulat, ma réflexion s’est dirigée alors sur la défense et la protection du vivant.

Car la responsabilité, l’acceptation de sa part de responsabilité, la responsabilité collective, étatique, économique, politique, religieuse ou encore spirituelle de ses actions dans la protection des espèces vivantes, c’est aussi prendre la responsabilité de questionner un fondamental de nos sociétés démocratiques : l’intérêt général. Car quelles sont les limites à venir à nos libertés individuelles si l’espèce humaine est en voie d’extinction ?

Ou plutôt, comment être certains qu’au nom de la survie de l’espèce, certaines décisions liberticides ne soient pas prises ?

Et n’est-ce pas un moyen solide pour garantir la continuité de nos droits et libertés que le devoir de s’assurer d’une gestion responsable et solidaire des ressources communes ?

Pour conclure

Je rends hommage à cet inconnu de mon enfance, le remercie de m'avoir, sans que je m'en rende compte, ouvert la voie à de multiplies refléxions sur notre réalité d'humains.

En tant qu'artiste, je ne sais toujours pas si je réussirai à produire un Monument au(x) Vivant(s) universel. Je reste cependant persuadée que de petites actions portent des effets à long terme. À nos fleurs, bâtons et graines, pour des hommages humbles et sincères, à la Vie, aux Vivants.

Portrait de l'auteur

De quoi serait constitué un Monument aux Vivants d'après vous ?

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Portrait de l'auteur

Sophie-Dorothée Kleiner

Artiste auteure — DEFI-Écologique

En parallèle de ses missions en médiation culturelle, elle investit des lieux singuliers pour exposer des œuvres intimistes et sensibles.

Sa pratique, liée au dessin et au geste pictural, se diversifie grâce à des collaborations et des projets pluridisciplinaires pour mieux décliner son questionnement sur l’espace de création, de pensée et de vie.

Depuis 2014, elle collabore avec DEFI-Ecologique et développe également LANTERNE, un espace de rencontres artistiques.

 Sophie-Dorothée est membre de DEFI-Écologique.

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12 réponses à “Monument au(x) Vivant(s) : hommage et biens communs”

  1. Bravo et merci pour ce passionnant tour de la question … ô combien d’actualité !
    L’Australie en flammes nous montre à quel point l’appropriation mercantile des ressources naturelles est une futilité assassine : quand tout le monde suffoque sous les nuages de fumées, les fringants tradders de Sydney ne sont pas plus épargnés que les pauvres gens, ou que les bêtes sauvages en train de disparaître à cause de leur cupidité imbécile.
    Un monument au vivant devrait sans aucun doute rappeler que, pour assurer la pérennité d’une espèce (même la nôtre), l’entre-aide l’emporte sur la compétition. Comme le rappelle Pablo Servigne, nous sommes les descendants des « gentils » parce que les « méchants » ont été éliminés par leur agressivité inutile.

    • En effet l’actualité est d’un noir infini qui pourrait être source d’une résignation totale. Avec ce projet Monument au(x) Vivant(s) j’essaie quelque part de lutter contre un pessimisme (ou réalisme) mortifère. Merci à vous pour votre retour. Sophie-Dorothée.

      • Je partage volontiers avec vous ces quelques vers que j’ai écrit justement hier et qui me semblent répondre à ce que vous dites :

        « Le plus souvent, les gens ne voient pas la beauté
        Jugée bien trop futile, inepte et sans motif.
        On remarque et retient plutôt ce qui est laid
        Mais notre monde est beau pour qui est réceptif !
        Ainsi lorsqu’on entend « la Nature est cruelle,
        Mais l’humain est bien pire, égoïste insensible »
        N’oublions pas Gandhi, Coluche et Barjavel,
        Ni tous ces inconnus à l’amour infaillible ! »

        D’ailleurs, peut-être avons-nous ici une piste pour un monument aux vivants : un monument montrant la diversité inouïe du vivant, où le beau côtoie le moche, le l’amour inconditionnelle côtoie l’exploitation cupide. Un monument aux vivants (humains) montrerait ainsi l’humanité dans sa diversité (j’ai toujours été gêné que l’on utilise le terme « inhumain » pour des actions bien humaines. Pour s’améliorer, il faut d’abord se voir et s’accepter dans son entier, dans ses bons côtés comme dans ses pires travers…)

        Quand à un monument au vivant (sans « s »), il faudrait d’abord définir ce qu’est le vivant. Je me suis longtemps posé la question, sur laquelle les biologistes ne sont pas d’accord (un virus est-il vivant ou non? et ce n’est qu’un exemple) et il y a encore moins de consensus si on regarde dans d’autres cultures, pour lesquelles par exemple une pierre, une rivière ou le vent peut être considéré comme vivant. La principale caractéristique du vivant serait pour moi le mouvement, la transformation, l’évolution sans fin et la tendance à la dissémination, à la reproduction.

        Une image qui me vient lorsque j’imagine un monument au vivant (sans « s ») serait une pousse végétale naissant sur la souche d’un arbre mort et pourrissant. Car la mort n’est pas la fin de la vie, mais le début d’un nouveau commencement.

        Je vous souhaite une bonne réussite dans ce projet !

        • En effet il y a les vivants et le vivant – et d’ailleurs le 30 janvier prochain aura lieu la Nuit des Idées avec pour thème ETRE VIVANT- soit plusieurs événements en France (dont mon atelier LANTERNE à Scherwiller,Bas-RHin)). Une occasion de poursuivre la réflexion ! Merci pour votre partage. Sophie-Dorothée.

  2. En tant qu’élue locale, je m’interroge sur la notion de « responsabilité » ; en matière d’atteinte au vivant, tous les humains peuvent se sentir également coupables, ou au moins porteurs de menaces.
    Je trouve particulièrement séduisante votre proposition de « Monument au(x) Vivant(s) » ; nous disposons d’une réserve Naturelle Régionale sur notre territoire, il y trouverait une place de choix… J’espère être en mesure de vous solliciter à ce sujet après le 22 mars…
    Merci pour les connaissances et les découvertes apportées par la lecture de cet article.

    • Merci à vous pour cette main tendue qui serait une assez belle suite à cette article ! La notion de responsabilité est en effet un sujet très vaste, et votre apport me fait entrouvrir d’autres réflexions…au plaisir de continuer ces échanges. Sophie-Dorothée.

  3. Bonjour, que votre article fait du bien … Lors de discussions où l’on a l’utopie de refaire le monde, j’aspire toujours à me demander comment nous pouvons défendre autant un monde passé (même si je ne réfute pas les mots du conservateur du Musée des Blindés « pour savoir où l’on va, on doit connaître d’où l’on vient »), je me sens bien seule dans les conversations où j’entrevois (et rêve) un monde qui prendrai soin de ce qui l’entoure, de ce qui lui permet d’être en vie et de donner la vie. Mais l’actualité humaine rattrape toujours les discussions … Et elle a triste mine : les Lobbies assoiffés de pouvoir et d’argent, les Politiques achetés (pas tous je précise), les guerres dans le monde … et en fond de toile, une terre nourricière brûlant aux quatre coins du monde, impuissante et désarmée à combattre l’extinction de sa diversité animale et végétale … elle sait que seule une seule espèce peut l’aider à surmonter cette épreuve, son implacable ennemie depuis quelques siècles, mais à ce jour cette dernière ne veut pas comprendre, elle râfle, elle élimine en toute impunité. Elle ne s’imagine pas qu’elle s’auto détruit, qu’elle disparaîtra. L’éveil des consciences est là pourtant, mais c’est actuellement infime, il manque une vraie implication, l’envie de donner les clés d’un monde meilleur à nos futures générations. Et c’est là que votre projet à tout son sens, il permettrai de montrer ce qui est essentiel lors de notre passage sur terre, faire perdurer cette planète avec toute sa biodiversité. Une mère accompagnée d’animaux et de Plantes florales, remettant un trousseau de clés à son enfant, tel un engagement à conserver, à protéger et à transmettre le patrimoine terrestre qu’il lui a été confié, c’est imagé bien sûr ! Je souhaite que votre proposition voit le jour (rapidement) et éveille les consciences … Restons positifs, et cherchons le bien au fond de chaque être humain, même si cela paraît irréaliste actuellement. Merci

    • Pour vous rassurer, vous n’êtes pas seule. Osez affirmer votre opinion, il n’y a que comme ça qu’elle pourra faire des petits. J’observe quand à moi que depuis que je m’exprime sur ce sujet, plus de personnes que je ne l’aurais pensé partagent mon point de vue 🙂
      Plus que chercher le bien au fond de chaque être, je m’attache quand à moi à comprendre pourquoi il agit ainsi, ça me parait plus facile

    • Merci pour votre retour. Gardons l’esprit ouvert, ni bon ni mauvais, essayons de trouver un équilibre. Sophie-Dorothée.

  4. Petite coquille « multiplies refléxion » ,

    Pour moi un monument aux vivants serait un monument végétal / minéral / animal avec des enfants qui en feraient partie, la vie quoi !

    • Merci pour la coquille. Et en effet il y a plein de possibilité à ce monument, de quoi soit arrêter de chercher soit s’attaquer à une montagne 😉 Sophie-Dorothée.

  5. Grégoire m’a relancé sur l’idée d’une rencontre sur Canop’Terre ou autre chose pour faire avancer l’idée. J’aurais plaisir à échanger à ce propos. Plusieurs expériences et lectures récentes me font dire que cette idée fait énormément sens. Je relie cela assez spontanément à la pensée de Baptiste Morizot et au bouquin de Estelle Zhong Mengual « Apprendre à voir ». Son analyse du traitement du vivant dans l’art est assez pertinent. Avec quelques exemples éloquents et finalement assez rares d’oeuvres picturales dans lesquels le vivant et le paysage sont mis en scène et non réduits à un décor mettant en valeur des activités humaines ou à des « nature morte ».
    Je ne sais pas quelle forme pourrait prendre ce monument mais suis également assez persuadé que sa traduction concrète doit passer par la mise en commun d’expériences et un travail de réflexion collectif auquel je suis modestement prêt à contribuer.

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