Rencontre avec le chat forestier, un félin sauvage fascinant !

Le chat forestier (Felis silvestris silvestris), aussi moins justement appelé « chat sauvage » ou « chat noir », est un petit félin qu’il est temps d’étudier plus sérieusement pour mieux comprendre son rôle et son importance dans nos écosystèmes.

C’est un animal nocturne à qui nombre de croyances populaires injustifiées collent encore au pelage (un prédateur de chevreuil… sans rire ?) et dont nous ne parlerons pas plus dans cet article.

Le chat forestier est avant tout un discret sauvage résident de nos contrées.

Ce que vous allez apprendre

  • Quelles sont les origines du chat forestier et celle du chat domestique
  • Quels milieux le chat forestier fréquente
  • À quoi ressemble l’espèce
  • Quelle est son organisation sociale et son aire de répartition
  • Quel est son statut de protection
François-Augustin de Paradis de Moncrif
Sauvage ou domestique, il reste lui-même, obstinément, avec une sérénité absolue.

Les origines du chat forestier

Reproduction illustrée de Felis Lunensis
Reproduction illustrée de Felis Lunensis Alchetron

Les données en matière d’origines du chat forestier ne sont pas pléthore, mais il semblerait que Felis lunensis soit le plus vieux représentant européen auquel nous arrivons à faire remonter Felis silvestris silvestris.

Du début du pléistocène, il y a environ 3 millions d’années, à la fin de celui-ci, Felis lunensis aurait donc glissé doucement vers Felis silvestris silvestris, jusqu’à ce que ce dernier diverge définitivement de ses congénères il y a 200 000 ans.

La question qui se pose souvent est celle de connaître les origines de ces machines à ronrons que sont nos chats domestiques, que pourtant certains pays décident d’interdire. À raison ?

La réponse est simple, le chat domestique est originaire du Moyen-Orient (chat ganté d’Afrique ou Felis silvestris lybica).

Il semblerait que cette espèce se soit alors rapprochée de l’Homme lors de sa transition vers un mode agricole plutôt que chasseur-cueilleur.

Description de ce félin des forêts

D’une longévité de plus ou moins dix ans, le chat forestier mesure de 30 à 40 centimètres au garrot et de 50 à 70 centimètres de long.

Son poids varie de 3 à 7 kilogrammes selon les périodes de l’année, bien sûr, mais aussi en fonction des milieux où il évolue. La présence persistante d’une couche de neige importante le verra maigrir tout particulièrement.

Chasse, circulation routière, aigle royal dans certaines régions, hermine, renard roux, martre ou encore famine sont autant de vecteurs de la mort de l’animal adulte, ou juvénile selon les cas.

Un nez rose entouré d’un liseré noir et des iris jaunes le caractérisent autant que les 3 à 5 anneaux noirs de sa queue.

Son pelage se compose de 5 500 à 24 000 poils par centimètre carré en été et de 10 000 à 30 000 poils par centimètre carré en hiver.

Liste des caractéristiques phénotypiques du chat sauvage

  • Des coussinets noirs.
  • 4 à 5 rayures présentes sur les cervicales.
  • Deux raies noires parcourant ses joues, ne permettent cependant pas de le distinguer avec certitude du chat domestique (à cause des hybridations possibles). Pour ce faire, il faut souvent mesurer la taille de l’intestin, plus court chez les chats forestiers que chez le chat domestiques !

Répartition de l’espèce

Aire de répartition du chat forestier
Aire de répartition du chat forestier Darekk2

La dernière expansion connue et argumentée de l’espèce se situe entre les années 20 et 60, en grande partie due aux deux grandes guerres et leur impact sur les milieux sauvages.

En effet, de forts déboisements auraient favorisé la pullulation de rongeurs et, par la même occasion, mis le couvert pour le chat forestier.

Les choses ont désormais changé avec des populations souvent fragmentées, voire en recul un peu partout en Europe (mais plus particulièrement en Allemagne et en Écosse).

Répartition du chat forestier en France
Répartition du chat forestier en France ONCFS

En France, les données sont récentes et doivent encore être consolidées pour pouvoir affirmer la présence du chat forestier dans les 44 départements où il semblerait évoluer.

On notera tout de même que la présence du chat forestier dans le Jura a permis le retour du félin dans le Jura suisse.

Protection de l’espèce

De sérieuses menaces pèsent sur cette espèce, dont l’aire de répartition générale ne cesse de diminuer et de varier, sous l’influence directe ou indirecte de l’Homme.

L’espèce est ainsi classée en annexe II de la convention de Berne comme étant « strictement protégée », même si la convention de Washington ou CITES ne le classe que comme « pouvant être menacé d’extinction ».

La directive habitat, quant à elle, place le chat forestier « d’intérêt communautaire » nécessitant de fait une protection stricte.

Les biotopes qu’il fréquente

Clairière ouverte dans le Jura français, proche de Mouthe, territoire du chat forestier
Clairière ouverte dans le Jura français, proche de Mouthe, territoire du chat forestier DEFI-Écologique

Pour un animal dont une partie du nom est silvestris, il n’est pas compliqué d’imaginer dans quel milieu ce dernier évolue, à priori.

Si c’est vrai, il ne faut pas non plus mettre de côté l’importance des milieux ouverts pour lui et notamment à travers ses modes de chasse.

C’est donc bien les massifs boisés qui auront la préférence de l’espèce et ce jusqu’à plus ou moins 1 000 mètres d’altitude (rarement plus haut), car on estime qu’au-delà, la couverture neigeuse est trop handicapante pour l’animal.

Une continuité en matière forestière est donc aussi importante que pour le lynx, son lointain cousin, avec un minimum de recouvrement de son territoire à hauteur de 30%.

Cependant, la seule forêt ne fait pas tout pour le bonheur du chat forestier, ce serait trop simple.

En effet, comme pour n’importe quelle forme de vie, c’est la disponibilité en nourriture qui favorisera la présence de l’espèce.

Clairière agricole proche de Saint Affrique
Clairière agricole proche de Saint Affrique Xavier Boinet

Dans le cas du chat sauvage, les rongeurs jouent en rôle essentiel et, pour cela, c’est de prairie, lisière de forêt ou encore de jeunes plantations dont ces derniers auront besoin.

À contrario, si les espaces dégagés sont nécessaires, la présence de l’Homme l’est beaucoup moins…

Les forêts trop intensément exploitées n’ont pas particulièrement les faveurs de ce félin, pas plus que des densités de populations humaines trop importantes.

On peut ajouter à cela l’impact des chats domestiques qui accompagnent l’Homme avec leur cortège de maladies qu’ils transmettent à leurs cousins des forêts, mais aussi la concurrence dans l’assiette qui n’est pas à minorer.

Concernant la surface de ses domaines vitaux, celle-ci varie énormément et l’état actuel de nos connaissances quant au chat forestier sur le continent européen nous donne une fourchette de 30 à 600 hectares.

Le saviez-vous ?

Arvicola terrestris en train de se nourrir
Arvicola terrestris en train de se nourrir Peter Trimming

Tout comme le renard roux, le chat forestier est particulièrement doué dans la chasse aux rongeurs.

L’exemple lorrain est particulièrement parlant en la matière avec près de 99.5% des fèces récoltées lors d’une étude relevaient des rongeurs.

Quoi qu’il en soit, il semblerait que cela soit dû à la forte capacité des rongeurs à se reproduire et donc à apporter une bonne disponibilité en nourriture au chat forestier.

Si on se reporte à ses terrains de chasse privilégiés et donc, entre autres choses, les lisières de forêt, on peut tout à fait imaginer que ce félin joue un rôle important dans la régulation des campagnols terrestres, qui ne sont pas en reste quand il s’agit de faire des dégâts sur cultures.

Organisation sociale

Chatons forestiers dans le massif forestier de Mormal
Chatons forestiers dans le massif forestier de Mormal Lucas Decourteille

L’organisation sociale du chat forestier dépend grandement de la disponibilité en nourriture, comme son aire de répartition.

En règle générale, sauf cas exceptionnel ou spécimen en dispersion, les territoires des chats forestiers ne se chevauchent pas ou pratiquement pas (il existe cependant des variations selon les pays d’Europe).

Proverbe africain
Le chat sauvage fait ce qu'il veut, mais c'est au chat domestique qu'on coupe la queue

Reproduction

Chat forestier felis silvestris
Chat forestier felis silvestris Lviatour

Les rencontres entre plusieurs individus se font majoritairement lors du rut, même si plusieurs chats forestiers peuvent chasser sur une zone « commune », restant distants de plusieurs dizaines de mètres sans se porter préjudice. Cela n’arrive cependant essentiellement qu’en cas de disette.

La période de gestation s’étend de 63 à 67 jours avec une moyenne à 66 jours, ce qui est relativement rapide si l’on prend en compte le poids de l’animal.

Les lieux de mise bas et d’élevage des petits sont aussi variés que les lieux fréquentés par le chat forestier, allant d’un tronc creux à une cavité en passant par le sol lui-même, sous un roncier bien touffu. Et parfois même dans des miradors de chasseurs !

Les petits, au nombre de 3 à 4 en moyenne et d’environ 135 grammes à la naissance, sont particulièrement difficiles à trouver et encore plus à observer. Ce qui explique que nous n’ayons pas trouvé de photo libre de droits pour illustrer ce paragraphe, alors n’hésitez pas à nous en envoyer si vous en possédez…

La dispersion des jeunes est très mal connue, du fait de la grande difficulté à observer l’animal en milieu sauvage.

En effet, s’il est possible de rencontrer une portée « par hasard », il est quasiment impossible d’en suivre une, même avec des colliers émetteurs, tellement la femelle est attentive à sa discrétion.

Alors lorsqu’il s’agit de réitérer les observations pour définir scientifiquement le comportement de dispersion, c’est quasiment impossible…

Nous savons cependant que la croissance du chat forestier cesse entre 18 et 19 mois alors qu’il est déjà mature sexuellement.

Pour conclure

Comme tous les petits carnivores, le chat forestier a forcément un rôle dans nos écosystèmes. Encore faut-il le comprendre et le prendre en compte dans nos politiques de gestion des espaces, qu’ils soient naturels ou agricoles.

La discrétion intrinsèque à l’espèce nous a certainement fait l’oublier un peu, face à un loup omniprésent dans les débats, mais il serait temps de redonner une place au chat forestier.

Portrait de l'auteur

Avez-vous déjà eu la chance d'en observer un dans la nature ?

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Portrait de l'auteur

Julien Hoffmann

Rédacteur en chef — DEFI-Écologique

Fasciné depuis 20 ans par la faune sauvage d'ici ou d'ailleurs et ayant fait son métier de la sauvegarde de celle-ci jusqu'à créer DEFI-Écologique, il a également travaillé à des programmes de réintroduction et à la valorisation de la biodiversité en milieu agricole.

Il a fondé DEFI-Écologique avec la conviction qu'il faut faire de la protection de l'environnement un secteur économique pour pouvoir réellement peser sur les politiques publiques.

 Julien est membre de DEFI-Écologique.

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