La genette commune, un petit carnivore encore trop méconnu

Connaissez-vous la genette commune ? Peu savent que cet animal vit dans nos contrées.

Il est pourtant chez nous depuis des siècles et a même côtoyé l'Homme de près.

Faisons un tour d’horizon de cette espèce qui, tout en occupant une niche écologique proche de celle du chat sauvage, a ses propres caractéristiques.

Ce que vous allez apprendre

  • Quel est le comportement de la genette commune
  • De quoi se compose son alimentation
  • Quelle est son histoire
  • Quelle est sa place dans les écosystèmes
  • Comment la trouver sur le terrain
George Orwell
Tous les animaux sont égaux, mais il y a des animaux plus égaux que d'autres.

Généralités

Répartition de la genette commune (Genetta genetta) à travers le monde
Répartition de la genette commune (Genetta genetta) à travers le monde Chermundy

La genette commune (Genetta genetta) que l’on croise sur le territoire français, donc, est originaire d’Afrique.

Si de nombreuses sous-espèces ont été décrites (une bonne trentaine d’après le « Handbook of the Mammals of the World 1 »), seules cinq sont actuellement admises.

Les cinq sous-espèces de genette

  • G. g. genetta

  • G. g. grantii

  • G. g. senegalensis

  • G. g. dongolana

  • G. g. pulchra

Morphologie

Avec un corps de 46 à 52 centimètres pour les mâles et de 46 à 49 pour les femelles, une queue de 40 à 51,6 centimètres tous sexes confondus, l’espèce n’est pas anodine dans le monde des petits carnivores.

Son poids de 1,4 à 2,3 kilogrammes pour les femelles et de 1,6 à 2,6 kilogrammes pour les mâles (l’équivalent d’un petit chat) nous confirme cela.

N’ayant pas d’appréhension à côtoyer les humains et leurs habitations, la genette se retrouve a priori dans tous types d’habitats (à l’exclusion des milieux « extrêmes » tels que déserts ou forêts tropicales), pouvant monter jusqu’à 2 000 mètres d’altitude en général, 1 600 mètres apparemment, en France.

Alimentation de la genette commune

Boîte crânienne de la genette
Boîte crânienne de la genette Schäde

Que l’on soit dans le Sud-Ouest de la France ou à l’Est du continent africain, la genette commune consomme peu ou prou la même chose.

Les différences de régime alimentaire s’expriment géographiquement et en fonction du type de nourriture disponible.

Certaines affectionnent plus particulièrement les araignées (au Botswana), d’autres les insectes (au Zimbabwe) ou encore les arthropodes (Île Cabrera dans les Baléares). Mais, dans la majorité des cas, la genette se nourrit de petits mammifères.

En France, notamment, où les proies les plus consommées par la genette commune sont les rongeurs en tous genres (mulots, campagnols, souris, etc.), leurs cousins insectivores (musaraignes, taupes, etc.) mais aussi certains mustélidés comme l’hermine.

Dans son régime alimentaire, suivent ensuite oiseaux, arthropodes, amphibiens, reptiles, lapins, poissons, œufs, herbes (comme pour le chat sauvage ou domestique, l’herbe permet à la genette de régurgiter plus facilement poils, os ou plumes) ou encore fruits.

Un peu d’éthologie

Animal principalement nocturne, avec une activité qui s’étale de préférence entre le coucher du soleil et le milieu de la nuit, la genette commune peut néanmoins être active en journée.

En règle générale cependant, elle va se reposer la journée en cherchant un abri qui peut être différent chaque jour. Utilisant des nids d’oiseaux et autres cavités à 4 mètres au moins du sol, elle attendra paisiblement de pouvoir à nouveau chasser à la faveur de la nuit.

Chez la genette, les interactions sociales débutent avec la mère et se décomposent en une première partie « regroupée », où les jeunes sont avec la mère, et une deuxième partie de « dispersion », où les jeunes gagnent leur indépendance.

Le comportement ainsi que le type d’échanges de la mère et des jeunes évoluent au cours de ces deux phases (le flairement, les cris, etc. disparaissant petit à petit) pour se réduire au fur et à mesure à la simple communication olfactive.

Arrivée à l’âge adulte donc, la genette est principalement solitaire, passant la majeure partie de son temps d’activité au sol et celui de repos en hauteur, notamment dans les arbres, le mâle ayant généralement un territoire plus grand que la femelle.

Crottes de genette commune
Crottes de genette commune Pierre Rigaux

Que ce soit en hauteur ou au sol, la genette commune utilise des « crottiers », des lieux identifiés d’une surface de 0,5 à 1,5 mètres carrés où déposer leurs fèces.

Ces crottiers sont essentiellement utilisés par une seule genette, mais dans certains cas plusieurs spécimens peuvent en avoir l’usage. Au-delà du côté pratique de ces crottiers, ils servent également de marqueurs communicationnels entre individus : il en va de même pour l’utilisation de l’urine et des marquages à l’aide de ses glandes.

Quand la cohabitation n’est pas possible, la genette réagit en faisant le dos rond, gueule grande ouverte afin de montrer ses dents, poil hérissé, comme le ferait un chat.

Reproduction de la genette commune

Genettes communes (Genetta genetta) dans le parc animalier des Pyrénées
Genettes communes (Genetta genetta) dans le parc animalier des Pyrénées Père Igor

Chez la genette, on ne se prive pas : il y a deux saisons de reproduction dans l’année, une au printemps et une à l’automne.

S’en suivent alors les naissances, qui ont lieu d’avril à juin et de septembre à octobre.

La période de gestation est de 70 à 77 jours et fait suite à un coït nocturne de 2 à 3 minutes, qui se répète environ 5 fois. Au terme de la gestation, yeux et oreilles fermés, naissent entre un et quatre petits, plus communément deux, pesant de 60 à 85 grammes.

La femelle s’occupe des jeunes durant leurs quatre premiers mois de vie, les allaitant dans un premier temps et leur fournissant de la nourriture à partir du quarante-cinquième jour. Après la nourriture solide viennent les premiers essais de chasse à l’âge de 12 semaines, avant qu’ils ne deviennent des chasseurs pleins et entiers à 18 semaines.

Leur maturité sexuelle est atteinte entre 19 et 24 mois.

Enfin, les genettes passeront de vie à trépas aux alentours de leur treizième année pour les sauvages, les animaux en captivité vivant généralement bien plus longtemps, avec un record à 34 ans dans le cas de la genette commune.

Son état de protection

La genette commune est classée Annexe 3 au titre de la Convention de Berne, qui règlemente l’exploitation de l’espèce de manière à maintenir l’existence de ces populations hors de danger.

Elle est également classée Annexe 5 de la Directive européenne du 21 mai 1992 et du 27 octobre 1997 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages, en qualité d’espèce d’intérêt communautaire dont le prélèvement dans la nature et l’exploitation sont susceptibles de faire l’objet de mesures de gestion.

En France la genette est sous protection totale depuis l’arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux mammifères protégés sur l’ensemble du territoire.

Il est donc interdit de la détruire, la mutiler, la capturer ou l’enlever, de la perturber intentionnellement ou de la naturaliser, ainsi que de détruire, altérer ou dégrader son milieu.

Qu’elle soit vivante ou morte, il est aussi interdit de la transporter, la colporter, l’utiliser, la détenir, la vendre ou l’acheter.

Georges-Louis Leclerc de Buffon
Si les animaux n’existaient pas, ne serions-nous pas encore plus incompréhensibles à nous-mêmes ?

Historique

Les dernières avancées en matière de systématique (science de la classification), et notamment moléculaire, découpent en quatre les viverridés auxquels appartient la genette commune.

Les viverridés sont ainsi constitués de : genettes, civettes palmées, binturongs et civettes terrestres.

Apparus il y a 30 à 35 millions d’années, les viverridés se sont divisés en ces quatre familles il y a environ 25 millions d’années.

Tapisserie de la Dame à la licorne du 15è siècle et représentant une genette
Tapisserie de la Dame à la licorne du 15è siècle et représentant une genette Domaine public

Les genettes communes seraient très probablement arrivées sur le continent africain il y a 20 à 27 millions d’années quand le continent asiatique a touché celui-ci, permettant ainsi une colonisation du continent.

Concernant le continent européen, aucun fossile de genette n’a été trouvé, laissant les plus anciens témoignages de présence de l’espèce à des tapisseries du Moyen Âge. Il est possible de trouver çà et là des affirmations quant à l’importation de l’animal par les Romains pour lutter contre les rongeurs.

Ceci est probable, étant donné son régime alimentaire, mais une source exacte à de telles allégations n’a encore pu être trouvée.

Carte de répartition de la genette commune (données 2010 ONCFS). Vert : Zone de présence régulière Jaune : Zone de présence irrégulière Blanc : Zone avec observations diffuses
Carte de répartition de la genette commune (données 2010 ONCFS). Vert : Zone de présence régulière Jaune : Zone de présence irrégulière Blanc : Zone avec observations diffuses Aavitus

La population de genette commune en France, sa répartition, ses dynamiques, sont désormais un peu mieux connues, comme le montre cette carte élaborée sur la base de données collectées et extrapolées par l’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage).

Il reste cependant toujours étonnant de constater à quel point certaines espèces de notre territoire peuvent être si peu étudiées et mobiliser si peu de moyens.

L’espèce ne posant pas de problèmes aux chasseurs (il a été prouvé que la genette commune ne s’attaque pas au petit gibier) et n’étant pas en particulière régression d’un point de vue de ses effectifs, peut-être jouit-elle d’une heureuse ignorance de notre part ?

Comment repérer la genette

Genette commune naturalisée présentée au Musée de Cluny aux côtés de La dame à à la licorne.
Genette commune naturalisée présentée au Musée de Cluny aux côtés de La dame à à la licorne. Salix

Il faut le dire, c’est plutôt la genette commune qui vous trouvera que l’inverse.

Elle peut se laisser tenter par une visite dans un poulailler en période de vache maigre (vraiment maigre) et ainsi se laisser apercevoir, mais elle reste en règle générale très discrète.

Garder la tête levée pour trouver ses lieux de repos diurne ne suffira pas, il faudra aussi, et surtout, avoir les yeux rivés au sol.

En effet, ses crottiers ne sont jamais très loin de ses lieux de repos. Il s’agira alors de définir si ces derniers sont frais et encore utilisés, pour ensuite prospecter les environs et avoir une chance de trouver l’animal.

Les empreintes laissées par la genette sont aussi caractéristiques de l’espèce, avec des pattes antérieures de digigrade (qui prend appui sur les doigts) et des pattes postérieures de plantigrade (qui prend appui sur la plante des pieds).

Les griffes, semi-rétractiles, n’apparaissent pas sur les empreintes et la trace ressemble à celle du renard mais avec des empreintes sensiblement plus petites (environ 3,8×3,8 centimètres contre 5×4 centimètres pour le renard).

Pour conclure

La genette est indéniablement discrète…

Cet animal est si peu connu du grand public que beaucoup ne se doutent même pas de sa présence sur notre territoire. Sa population, en France, est pourtant la deuxième la plus importante de notre continent.

Peut-être est-il bon de la sortir un tant soit peu de l’ombre dans le cas où ses effectifs viendraient un jour à diminuer.

Et, au-delà des problématiques de protection, peut-être est-ce là chose assez fascinante pour intéresser quelques-uns de plus aux beautés de la biodiversité ordinaire ?

Portrait de l'auteur

Avez-vous déjà eu l'occasion d'observer une genette ? Où et quand ?

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Portrait de l'auteur

Julien Hoffmann

Rédacteur en chef — DEFI-Écologique

Fasciné depuis 20 ans par la faune sauvage d'ici ou d'ailleurs et ayant fait son métier de la sauvegarde de celle-ci jusqu'à créer DEFI-Écologique, il a également travaillé à des programmes de réintroduction et à la valorisation de la biodiversité en milieu agricole.

Il a fondé DEFI-Écologique avec la conviction qu'il faut faire de la protection de l'environnement un secteur économique pour pouvoir réellement peser sur les politiques publiques.

 Julien est membre de DEFI-Écologique.

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