Lutte contre l’ambroisie à feuilles d’armoise : mobilisons-nous !
Coordinatrice — Observatoire de l'ambroisie
Originaire d’Amérique du Nord, l’ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia L.) a été observée pour la première fois en France par des botanistes dans l’Allier, dans les années 1860.
Au cours du XXe siècle, des introductions multiples de graines d’ambroisie ont eu lieu dans de nombreuses régions françaises via l’importation d’espèces cultivées (blé, pomme de terre, etc.) ou de fourrages.
Bien que sa présence ait été signalée ponctuellement par les botanistes un peu partout en France, son caractère envahissant et problématique à de nombreux égards, n’a été réellement constaté qu’au cours des 40 dernières années.
Pour tenter d’enrayer l’envahissement de cette plante, un cadre de lutte national a été mis en place et fait l’objet d’une réglementation spécifique.
Ce que vous allez apprendre
- Les principaux impacts de l’ambroisie sur notre territoire
- Reconnaître l’ambroisie à feuilles d’armoise
- Le cadre de lutte national mis en place
- Les missions de l’Observatoire des ambroisies en tant que coordinateur national de la lutte
George Brassens
Je suis d'la mauvaise herbe, Brave gens, brave gens, Je pousse en liberté, dans les jardins mal fréquentés
L’ambroisie : c’est quoi le problème ?
Par son caractère envahissant, l’ambroisie à feuilles d’armoise se propage de plus en plus sur notre territoire.
Particulièrement présente en Auvergne-Rhône-Alpes, elle continue de s’étendre dans d’autres régions telles que la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie ou la Bourgogne-Franche-Comté. À terme, l’ambroisie pourrait coloniser une grande partie de la France.
La présence de l’ambroisie à feuilles d’armoise sur notre territoire pose plusieurs problèmes.
Elle a tout d’abord un impact sanitaire. En effet, l’ambroisie est une plante qui émet plusieurs millions de grains de pollen en fin d’été.
Ce pollen a des propriétés allergisantes et est responsable de diverses pathologies, de l’appareil respiratoire notamment. Il suffit de quelques grains de pollen par mètre cube d’air pour que les symptômes apparaissent chez les sujets sensibles : rhinite survenant en août-septembre et associant conjonctivite, symptômes respiratoires tels que trachéite ou toux, et parfois urticaire, eczéma et même de l’asthme.
En Auvergne-Rhône-Alpes, région la plus fortement infestée, une étude de l’Observatoire régional de la Santé (ORS) montre qu’en 2017, 660 000 personnes, soit environ 10% de la population régionale, ont consommé des soins en lien avec l’allergie au pollen de cette plante et que le coût global de ces soins est estimé à plus de 40,6 millions d’euros.
L’ambroisie est également une source de nuisance pour les agriculteurs, car elle constitue une plante adventice (ou « mauvaise herbe ») concurrentielle pour certaines cultures, telles que le tournesol, le maïs, le soja, le sorgho, etc.
La présence de cette adventice de culture peut engendrer de nombreuses conséquences, notamment en termes de pertes économiques : baisse de rendement, déclassement de la récolte, charges supplémentaires de désherbage et du travail du sol.
D’autant plus qu’une plante produit en moyenne 3 000 graines et que ces dernières ont une durée de vie de plusieurs années dans le sol, la gestion de la plante s’effectue par conséquent sur le long terme.
Il est à noter que cette plante n’occupe pas seulement les cultures mais également les zones plus perturbées, telles que les bords de routes, les bords de cours d’eau, les terrains en friche, les chantiers, etc.
Ainsi, une lutte efficace relève d’une coordination de différents acteurs : agriculteurs, particuliers, gestionnaires de milieux, maître d’ouvrage, etc.
L’allergie de contact est rare mais elle est possible. L’allergène se trouve principalement dans le pollen mais il est aussi présent dans toute la plante en petite quantité, dont les feuilles. C’est pourquoi il est recommandé de porter des gants lors des arrachages manuels.
Reconnaître l’ambroisie
D’un point de vue botanique, l’Ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia L.) appartient à la famille des Astéracées, comme le tournesol, la pâquerette ou le pissenlit, mais avec des parties florales en forme d’épi.
Plusieurs critères permettent de reconnaître cette plante :
Feuilles très découpées et de couleur verte des deux côtés et qui n’ont pas d’odeur quand on les froisse (pour ne pas confondre avec l’armoise commune, Artemisia vulgaris, qui a une face inférieure blanchâtre ou grisâtre et qui dégage une odeur).
Tiges velues et dressées qui peuvent devenir rougeâtres en été.
Inflorescence en épis : fleurs mâles en haut de l’épi de couleur vert pâle à jaune et fleurs femelles à la base de l’épi.
Le cycle de développement de l’ambroisie
L’ambroisie à feuilles d’armoise est une plante annuelle. Son cycle de développement se déroule sur quelques mois et ne passe pas l’hiver.
Au printemps, lorsque les conditions sont optimales, la graine germe. Puis, la plante produit des feuilles et croît, c’est la phase végétative.
Au cours de l’été, vont apparaître les deux types de fleurs qui sont présentes sur un même individu, mais qui sont séparées. On dit que la plante est monoïque.
Les fleurs mâles sont situées sur une inflorescence au sommet des tiges. L’inflorescence est composée de fleurons, qui regroupent des petites fleurs de couleur jaunâtre. Celles-ci vont libérer les grains de pollens responsables de l’allergie.
La floraison mâle débute à la mi-juillet et atteint son maximum vers la mi-août. C’est la phase de pollinisation. De très petite taille (environ 20 micromètres), le pollen peut être transporté par le vent sur des centaines de kilomètres.
Les fleurs femelles sont situées à la base des inflorescences mâles. Elles sont petites, de couleur verte et chaque fleur ne contient qu’une graine qui donnera une graine mâture après fécondation.
La floraison femelle débute après la floraison mâle (mi-août). La maturation des graines, a lieu à partir de la mi-septembre et au cours de l’automne. Cette phase de production de graines matures ne s’arrête qu’au moment des premiers gels.
Principaux facteurs de dispersion de l’ambroisie
Les cours d’eau peuvent déplacer la graine, qui est capable de flotter sur plusieurs kilomètres. L’irrigation et les inondations peuvent donc contribuer à la dispersion de l’espèce.
Les activités humaines (transport de terre, de divers matériaux, outils de fauche, de travail du sol, moissonneuse batteuse) sont aussi impliquées dans la dispersion des graines d’ambroisie.
Lutte contre l’ambroisie : une obligation légale
Bien que l’ambroisie à feuilles d’armoise soit l’espèce la plus « commune » sur notre territoire, trois espèces d’ambroisies émettent un pollen très allergisant et font l’objet d’une réglementation :
L’ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia L.).
L’ambroisie trifide (Ambrosia trifida L.).
L’ambroisie à épis lisses (Ambrosia psilostachya DC.).
En effet, suite à la loi du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé,un nouveau dispositif réglementaire national spécifique à la lutte contre les ambroisies a été intégré dans le code de la santé publique (CSP).
D’après cette loi, des mesures de prévention et de lutte peuvent être mises en œuvre au niveau national ou local :
La surveillance de la présence des espèces et l’évaluation de leurs impacts (santé et environnement).
La prévention de leur prolifération.
La gestion de tous les espaces, agricoles ou non, où peuvent se développer ces espèces.
La destruction des spécimens dans des conditions permettant d’éviter leur dissémination.
La prise de toute mesure permettant de réduire ou d’éviter les émissions de pollens.
L’information du public.
Ce texte de loi est complété par l’arrêté du 26 avril 2017 relatif à la lutte contre les espèces végétales nuisibles à la santé.
Cet arrêté interdit l’introduction volontaire, le transport volontaire, l’utilisation, la mise en vente, la vente ou l’achat, sous quelque forme que ce soit, des trois ambroisies. Tout contrevenant à ces dispositions est passible d’une contravention de quatrième classe.
Lutte contre l’ambroisie : une mise en œuvre territoriale
Dans tous les départements métropolitains, le préfet détermine par arrêté préfectoral l’obligation de lutte contre les ambroisies, les mesures à mettre en œuvre sur son territoire et leurs modalités d’application.
Les maires peuvent participer aux côtés du préfet de département à l’élaboration de l’arrêté préfectoral et à la mise en œuvre des mesures dans leur ressort.
À ce jour, 14 arrêtés préfectoraux ont déjà été pris et de nombreux départements sont en phase de rédaction. À terme, toute la France devrait être couverte par ce type d’arrêté. Dans les régions historiquement envahies qui n’avaient pas attendu la parution des textes pour se prémunir d’un arrêté, la prise en compte de la problématique était déjà bien organisée. La démarche est cependant tout à fait nouvelle pour les régions plus au nord, encore presque épargnées. À noter que ces anciens arrêtés doivent être réécrits.
Lorsque la lutte est obligatoire, elle devient l’affaire de tous : « les propriétaires, locataires, exploitants, gestionnaires de terrains bâtis et non bâtis, ayants droits ou occupants à quelque titre que ce soit » doivent gérer les populations présentes sur son terrain et cette obligation de mise en œuvre des mesures s’applique sur toutes les surfaces : domaines publics de l’État et des collectivités territoriales, zones de chantier, terrains des entreprises, propriétés des particuliers, etc.
Lutte contre l’ambroisie : différentes stratégies suivant le niveau d’infestation
Cependant, la mise en place des textes et des plans d’actions de lutte lorsque la plante n’est pas encore installée au sein de ces territoires peut être difficile.
Nous argumentons sur le fait qu’une espèce exotique envahissante est plus facilement gérable si elle est détectée précocement. Et pour cela, une surveillance préventive dans le territoire est une stratégie à mettre en place.
C’est ce que prévoient une instruction interministérielle du 20 aout 2018 et le document technique l’accompagnant intitulé « vade-mecum d’aide à l’élaboration d’un plan local d’action contre l’Ambroisie à feuilles d’armoise » (produit par l’Observatoire des ambroisies). En effet, ces deux textes complémentaires préconisent des plans d’actions adaptés au contexte local d’envahissement.
En résumé, les actions menées seront focalisées sur la gestion du pollen via la gestion de la plante et la non-dissémination des semences dans les territoires très envahis, sur la gestion des graines dans les fronts de colonisation et sur la surveillance dans les zones peu ou pas concernées.
Le point commun de ces stratégies est la nomination de référents ambroisies, qui, à travers leurs missions de médiation et de surveillance dans la lutte contre les ambroisies, sont des acteurs clés.
Les référents territoriaux ambroisies : des acteurs clés de la lutte
Désignés par les collectivités territoriales, les référents territoriaux peuvent être des élus, des employés municipaux, des agriculteurs, des particuliers, etc. et ont plusieurs rôles de médiation dans la lutte contre les ambroisies :
Repérer la présence de ces espèces.
Participer à leur surveillance.
Informer les personnes concernées des mesures à mettre en œuvre pour prévenir l’apparition de ces espèces ou pour lutter contre leur prolifération en application de l’arrêté préfectoral.
Veiller et participer à la mise en œuvre de ces mesures.
Ces référents peuvent s’appuyer en cas de besoin sur le pilote de la lutte contre les ambroisies de leur territoire (Agence Régionale de Santé, FREDON, chambres d’agricultures, conservatoires botaniques nationaux, centres permanents d’initiatives à l’environnement, etc.).
En 2018, on compte 5 600 référents communaux sur 4 200 communes, que l’on retrouve dans cinq grandes régions : Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine et Grand Est, ainsi qu’une trentaine de coordinateurs départementaux : Agences régionales de Santé ou leurs délégataires telles que les Fédérations Régionales de Défense contre les Organismes Nuisibles (FREDON).
Toutefois, de nombreux territoires n’ont pas de référents territoriaux et la Direction Générale de la Santé appelle les collectivités à désigner ces référents sur tout le territoire.
L’Observatoire des ambroisies, le centre de ressources national sur les ambroisies
Afin de renforcer la coordination des actions de prévention et de lutte contre les ambroisies, un Observatoire des ambroisies a été mis en place depuis juin 2011 par le ministère chargé de la Santé en partenariat avec les ministères chargés de l’Agriculture et de l’Écologie et le ministère de l’Intérieur.
De 2011 à 2017, c’est l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) qui a piloté cet Observatoire. Depuis 2017, le pilotage et l’animation de l’Observatoire sont assurés par FREDON France (Fédération Nationale de Lutte contre les Organismes Nuisibles).
Les principales missions de l’Observatoire sont de :
Constituer un centre national de ressources en matière d’ambroisie.
Contribuer à valoriser les connaissances sur la plante et notamment leurs effets sur la santé.
Mettre en avant les actions durables de prévention ainsi que les données scientifiques et les projets de recherche en cours.
Développer des actions en partenariat avec les acteurs nationaux et de terrain (agences régionales de santé, services de l’État, collectivités territoriales, associations d’usagers et environnementales, agriculteurs, gestionnaires des milieux concernés, etc.).
L’Observatoire des ambroisies créé met à disposition pour particuliers et professionnels des supports d’information et de communication sur les ambroisies (biologie, écologie, méthodes de gestion, etc.). Ces documents sont référencés sur un catalogue disponible en ligne.
Un outil pour la lutte contre l’ambroisie
La lutte contre l’ambroisie est collective et chacun peut participer à son échelle.
En effet, un outil a été développé pour signaler sa présence sur le territoire. Ce signalement peut se faire par une application smartphone gratuite « Signalement Ambroisie », un site web ou une adresse mail.
Cet outil permet à la fois de récupérer des informations pour compléter une base de données nationales mais pour également organiser la lutte de façon pratique.
Lorsqu’un signalement a été envoyé, la commune ou les référents-ambroisies identifiés reçoivent l’information, vérifient sur place et mettent en œuvre des mesures de gestion (arrachage manuel, désherbage thermique ou mécanique, fauchage, etc.).
Cela permet d’agir plus rapidement et de façon efficace, tout en mobilisant le grand public aux cotés des acteurs de la lutte.
Pour conclure
L’ambroisie à feuilles d’armoise est une plante provoquant des problèmes de santé publique (10% de la population en Auvergne-Rhône-Alpes est allergique à son pollen), mais aussi agricoles via des pertes économiques.
Se trouvant dans de nombreux milieux (cultures, bord de routes, bord de rivières, chantiers, jardins, etc.), cette problématique est l’affaire de tous et sa lutte est aujourd’hui rendue obligatoire. Diverses stratégies de lutte peuvent être mises en place suivant le niveau d’infestation sur le territoire.
Le cadre de la lutte contre l’ambroisie se met progressivement en place en France, continuons à nous mobiliser pour 2019 et les années à venir !
Si vous en avez déjà observé, où était-ce ?
CommenterPrémunissez-vous contre les écueils habituels de montage de projets de protection des espèces
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Coordinatrice — Observatoire de l'ambroisie
Son intérêt pour les problématiques liées aux espèces exotiques envahissantes (EEE) a commencé en 2015 au sein du Conservatoire botanique national (CBN) de Franche-Comté, lorsqu’elle étudiait la répartition de taxons invasifs le long de cours d’eau.
Elle a ensuite intégré le pôle Agroécologie de l’Institut national de recherche agronomique (Inra) où elle a commencé à travailler plus spécifiquement sur les ambroisies.
Depuis 2017, elle assure la mission de coordinatrice de l’Observatoire des ambroisies au sein de FREDON France.
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30/09/2016
L’ambroisie n’est-elle pas, comme toutes les espèces invasives, un signe que l’équilibre de notre terre est fragilisé voire endommagé ? Au-delà des luttes ponctuelles, avec un effet trop souvent limité, ne devrait-on pas aussi soigner notre environnement et redonner vie et forces à cet équilibre de la nature, ainsi qu’à la terre ? Agir avec la planète avec un principe identique à celui de l’homéopathie – soigner le malade plutôt que la maladie, ne pas faire disparaître les symptômes de celle-ci, renforcer les défenses plutôt que tenter d’éliminer les microbes ou virus, sans toujours y arriver d’ailleurs ?
Bonjour Bruno JACQUEMIN,
Nous sommes bien d’accord, nos écosystèmes largement déséquilibrés par l’Homme favorisent les invasions biologiques. Les EEE pourraient ainsi être perçues comme des « espèces indicatrices d’un milieu perturbé ». Elles représentent souvent des symptômes d’un mal plus profond. Pourtant, il faut bien soigner ces symptômes qui engendrent d’autres problématiques par ailleurs, sans pour autant négliger d’entamer un processus de fond visant à guérir la planète.
Marilou
Pour soigner le malade, le sol, en le restructurant, Gérard Ducerf conseille le ray-grass anglais (Lolium perenne) dans le tome 1 de l’Encyclopédie des plantes bio-indicatrices (p. 210). En effet, l’ambroisie profite des sols déstructurés par les travaux tandis que le réseau racinaire très dense du ray-grass reforme une trame dense en attendant la reconstitution d’un complexe argilo-humique mature.
Bonjour,
Effectivement, l’Observatoire des ambroisies conseille également cette technique de gestion sur les sols remaniés. La végétalisation d’un milieu avec des espèces couvrantes à croissance rapide (et locales!)réduit fortement la prolifération d’ambroisie qui n’est pas très bonne compétitrice dans ses premières phases de développement.
Marilou
Bonjour Si j’en observe je les détruis? Si c’est au stade avant la floraison je les arrache? Au stade floral? A l’état de graines?
Merci
Bonjour,
Si vous êtes certaine de votre identification alors oui, il fait l’arracher si elle est présente en faible densité. De préférence avant floraison pour éviter d’être en présence du pollen et avant grenaison pour éviter qu’elle ne se dissémine. (En cas d’incertitude, vous pouvez envoyer une photo à observatoire.ambroisie@fredon-france.org).
Marilou
J’ai cet après-midi arraché quelques jeunes pieds d’ambroisie feuille d’armoise devant une usine. Je reconnais cette plante pour l’avoir rencontré dans l’allier il y a déjà 40 ans sous le nom d’herbe d’Afrique. Je l’ai donc arrachée en expliquant aux collègues que c’était invasif et allergisant. à mains nue bien sûr, une fils d’agriculteur ne prends pas des gants pour arracher de l’herbe ! ! Ce soir, j’ai l’avant bras qui présente une réaction épidermique. C’est mon imagination, ou bien est ce que même les feuilles peuvent être allergisantes?
Bonjour,
En effet, l’allergie de contact est rare mais elle est possible. L’allergène se trouve principalement dans le pollen mais il est aussi présent dans toute la plante en petite quantité, dont les feuilles. C’est pourquoi il est recommandé de porter des gants lors des arrachages manuels.
Lisa
Article intéressant et assez complet, mais j’ajouterais quelques compléments et nuances. Tout d’abord l’ambroisie ne pose pas de problème écologique à la différence de beaucoup d’autres espèces invasives exotiques. Bien que le pollens de l’ambroisie soit spécialement très allergène, la question de l’allergie au pollens ne concerne pas que cette espèce. L’allergie de certaines personnes à une plantes ou un animal justifie-t-elle leur destruction, que l’espèce soit exotique ou locale ? Faut-il abattre les platanes car des personnes sont allergique à leur pollens ? Pourrais-t-on plutôt se questionner sur l’origine de la forte augmentation des allergies ? Puisque la cause d’une allergie c’est un dysfonctionnement du système immunitaire; la plante ou l’animal n’étant que le déclencheur. D’ailleurs les scientifiques travail sur plusieurs pistes : la multitude des substances chimiques « non naturelles » dans notre environnement et leurs interactions, un mode de vie très « hygiéniste » qui ne stimule plus notre système immunitaires, etc.???
Par ailleurs, l’ambroisie étant une plante pionnière annuelle, lutter contre elle par de l’arrachage est totalement illusoire… et j’en ai fait l’expérience le long d’une rivière dont les berges sont naturellement perturbée (au sens écologique du terme) lors des crues annuelles. Les campagnes d’arrachages (en Ardèche) n’ont eu aucun impact sur la présence de l’ambroisie les années suivantes, et la mobilisation des personnes décroit fortement au bout de quelques années. Pour ce qui est de l’agriculture, l’ambroisie n’est pas l’adventice la plus problématiques, mais non négligeable cependant. Le développement de l’ambroisie sur les cultures est directement lié au labour…donc aux pratiques culturales.
Par contre, il est flagrant de constater que quand une plante invasive impact la santé et/ou l’agriculture, les moyens de l’Etat et des collectivités sont mise en oeuvre, mais lorsque d’autres plantes invasives menaces des milieux naturelles il n’y a presque rien ! Certes, ce sont les milieux les plus dégradés qui sont généralement le plus envahie, mais est-ce une raison ?
Bonjour Sophie,
Effectivement, l’ambroisie a peu d’impacts connus sur la biodiversité contrairement à beaucoup d’autres invasives. Tout comme pour les espèces envahissantes à impact sur la santé humaine, il existe une stratégie nationale qui se met en place sur les EEE à impact biodiversité : https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/17039_Strategie-nationale-especes-exotiques-invahissantes.pdf. Les moyens financiers accordés par l’état ne sont pas énormes ni dans l’un, ni dans l’autre des cas.
Je suis d’accord sur la multiplicité des facteurs influençant les allergies mais pourquoi ne pas travailler sur le déclencheur en plus des autres facteurs? Je ne vois pas de problème à vouloir détruire des plantes qui rendent potentiellement 600 000 personnes allergiques en AuRA alors même qu’elle n’a pas sa place écologiquement dans cet écosystème.
C’est une adventice très problématique en agriculture et pour vous en persuader, je vous conseille la lecture de notre recueil d’expériences de gestion de l’ambroisie en milieu agricole qui paraîtra à la rentrée 2019. Les différentes pratiques culturales y sont abordées, en bio comme en conventionnel.
A disposition pour échanger,
Marilou