On estime qu'en Europe la forêt produit dix fois plus de déchets que la population humaine.
Le problème des déchets de la société humaine ne tient donc pas tant à leur quantité qu'à leur qualité et à la manière dont ils sont gérés.
Le lombricompost prend alors tout son sens, surtout dans un paysage urbain.
Vous apprendrez ici comment et pourquoi avoir un lombricomposteur mais aussi à bien utiliser votre compost.
Ce que vous allez apprendre
- Que le lombricopostage peut aussi être un acte civique
- Que faire faire de votre composte une fois mûr
- Comment commencer votre compostage
- Pourquoi la terre de composte est géniale
- Que composter ou non
Yvan Audouard
Les vers de terre s'enfoncent dans le sol pour ne pas tomber amoureux des étoiles.
Pourquoi composter devient un acte civique ?
Parce que composter c’est justement se rendre compte de la quantité impressionnante de déchets que nous produisons. Certains utilisateurs de lombricomposteur peuvent ainsi traiter 40 kilogrammes par an, en appartement !
Parce que composter, c’est aussi comprendre comment notre sol fonctionne et ainsi se rapprocher encore un peu plus de la nature qui nous environne : c’est donc un excellent outil pédagogique.
Parce que les composts collectifs fleurissent de plus en plus et qu’ils permettent de créer du lien social.
Parce que le compost en tant que tel « séquestre » (fixe, retient, stocke) une partie du carbone qui est à la source des gaz responsables de l’effet de serre.
Parce que le lombricompostage permet de produire un fertilisant sur place, réduisant ainsi les émissions de CO2.
Que faire du fruit de votre lombricompostage en ville ?

Récupérer les vers, mais pas tous, pour aller pêcher le weekend.
Utiliser le jus (appelé aussi le percolat ou « thé de compost ») comme base d’engrais pour vos plantes d’intérieur ou de balcon : vous en aurez certainement trop et cela vous évitera d’utiliser des engrais issus de l’industrie pétrochimique.
Se servir de « la terre » produite pour rempoter vos plantes en mélange avec du terreau, ou pour vos bacs qui accueilleront vos légumes sur votre balcon (1/3 compost, 2/3 terreau).
Participer aux plantations sauvages et autres mouvements éco-citoyens tel « Guerilla-gardening » ou « Nourriture à partager » en déposant votre surplus de compost là où quelques graines de fleurs ou autres cucurbitacées prendront plaisir à croître.
Donner les fruits de son surplus de lombricompost à un maraîcher présent sur votre marché du samedi matin (ou autre jour) : cela se fait de plus en plus et montre que l’économie circulaire a de l’avenir.
Comment lancer mon lombricompost
Se fournir un lombricomposteur après avoir bien réfléchi à son implantation dans votre logement.
Comme pour les SeedBall, il vous faudra prendre de l’élan (impossible de se retenir de la faire, nous nous excusons platement).
Débutez le compostage progressivement pour éviter de surcharger votre lombricompost : n’oubliez pas que vous créez un mini écosystème qui a besoin de temps pour se mettre en place (les possesseurs d’aquariums seront plus au fait de la chose).
Munissez-vous d’un peu de matériel : quelques feuilles de papier journal, du terreau de bonne qualité, quelques déchets ménagers verts (épluchures, feuilles de salade, etc.), quelques déchets plus riches en carbone (sachet de thé, vieilles plantes, etc.), un petit pulvérisateur pour humidifier le tout.
Vous fournir en vers de terre (tous les vers de terre ne sont pas des vers adaptés au lombricompostage) : vous pourrez en acheter ou en échanger, mais également vous renseigner un peu plus sur l’espèce (Eisenia foetida foetida) adaptée au lombricompostage.
Renseignez-vous plus largement sur le fonctionnement général du lombricompost.
En quoi le compost est-il bon ?

Les excréments de vers de terre (turricules) sont composés de 5 fois plus d’azote, 7 fois plus de phosphore et 11 fois plus de potassium que la terre environnante.
Le compost issu de votre lombricompostage, une fois ajouté à la terre, aidera à l’élimination des parasites du sol en favorisant le développement et l’activité d’organismes concurrençant lesdits parasites.
Il stabilisera et aérera la structure du sol (amas de matière) dans lequel il est implanté.
Il facilitera la stabilisation du PH, améliorant les conditions de croissance et de santé de vos plantes.
Il améliorera l’activité des mycorhizes (champignons qui fonctionnent en symbiose avec les racines des plantes : les mycorhizes fournissent des nutriments aux racines qui grandissent plus et permettent aux champignons de trouver de nouveau nutriments).
Il constituera un apport en oligo-éléments et en nutriments pour vos plantes.
Il permettra une meilleure rétention de l’eau et une plus grande pénétration des racines dans le sol.
Plusieurs études tendent également à prouver que l’apport de compost a un effet protecteur sur les maladies foliaires.
De couleur sombre une fois « mûr » (prêt à être utilisé, en fin de cycle) il absorbe plus les rayons du soleil et permet de réchauffer la terre plus rapidement au printemps.
Le compost et ses propriétés finales seront néanmoins influencés par les proportions et la « qualité » de ce que vous mettrez dans votre lombricomposteur.
Ce que l’on peut lombricomposter
Résidus de fruits et légumes
Sachets de thé (enlevez l’étiquette)
Fleurs fanées
Papier essuie-tout
Feuilles de plantes
Riz et pâtes
Pain et autres croûtes de pizza ou flammekueche
Coquilles d’œufs (broyez-les, elles aideront les vers à pondre)
Marc de café (avec ou sans filtre)
Papier et carton
Si vous voulez en savoir plus, ne ratez pas la thèse de Cédric Francou à ce sujet.
Ce qu’il ne faut pas lombricomposter
Les déchets verts provenant de l’extérieur (le lombricomposteur d’intérieur n’est pas particulièrement adapté à ce type d’apport)
Les noyaux, os ou arrêtes (ne se dégradent pas)
La viande ou le poisson (pour limiter le risque d’odeurs)
Excréments d’animaux et litière (pour limiter le risque d’odeurs)
Produits laitiers, huiles et autres matières grasses
Vinaigre (acidifie le milieu)
Feuilles de rhubarbe, agrumes, ail, échalote (propriétés contre les vers de terre)
Peau d’avocat et épluchures de pomme de terre (ne se décomposent pas ou peu)
Poussières récupérées lors du nettoyage de la maison
Épices
Mégots et tabac
Produits synthétiques
Restes salés
Le saviez-vous ?

25% de nos déchets ménagers sont des déchets putrescibles susceptibles d’être compostés.
Chaque année nous produisons en moyenne 354 kilogrammes d’ordures ménagères par habitant.
Nous sommes 66,3 millions en France.
Nous produirions donc plus de 5 867 550 tonnes de déchets compostables par an et par habitant.
Le transport d’une tonne de déchet émet 4 kilogrammes d’équivalent CO2.
Cela produirait donc 23 470 200 de tonnes de CO2 par an.
La France (DOM compris) ayant émis 490 000 000 de tonnes équivalent CO2 en 2012 et une règle de trois plus tard, cela représente 4,79% du total des émissions de CO2 par an en France qui pourraient être évités en grande partie si nous compostions tous…
Bien sûr ce pourcentage reste théorique et ne peut être exploité en tant que tel, tout comme une grande partie des chiffres lorsque l’on parle de climat, mais il donne néanmoins un ordre d’idée, une tendance.
Emmanuel Kant
Si tu te fais ver de terre, ne te surprend pas si on t'écrase avec le pied.
Gênes et dysfonctionnements du lombricomposteur
Une apparition de « moucherons » peut avoir lieu (mais pas obligatoirement), il vous faudra alors aérer le lombricompost, enlever les éventuels asticots visibles, recouvrir le lombricompost de terreau, arrêter de le « nourrir » le temps que le phénomène disparaisse et/ou disposer de la lavande à proximité (reconnue pour éloigner ce type d’insectes).
Si vous sentez une odeur de putréfaction c’est que vous avez mis trop de matière à dégrader et qu’il n’y a pas assez de vers de terre pour s’en charger. Levez le pied pour un temps.
Si votre nez flaire une odeur d’œuf pourri c’est que votre lombricompost n’est pas assez aéré. Remuez un peu la litière, quitte à le faire plusieurs fois.
Problèmes de moucherons ?
Des problèmes de « moucherons » (en réalité, le terme moucherons ne désigne pas vraiment une espèce en particulier) avec votre lombricomposteur ?
Une plante carnivore à proximité vous permettra de limiter la gêne qu’ils occasionnent !
Si vos vers essayent de sortir du lombricomposteur, c’est que le milieu n’est pas adapté à leurs exigences.
Plutôt que de les laisser mourir sur le chemin vers l’extérieur en essayant vaille que vaille de leur proposer des centres d’accueil sur le trajet, rendez leur milieu d’origine moins hostile, voir agréable.
Votre lombricompost est trop acide (ajouter des coquilles d’œuf broyées), trop humide (entrouvrez le lombricomposteur pour aérer), trop compact (brassez votre litière) ou trop sec (humidifiez).
Vous pouvez, dans tous les cas, diminuer pendant un temps l’apport en déchets le temps que tout se stabilise.
Pour conclure
De fonctionnement relativement simple, le lombricomposteur est un excellent moyen de garder les mains dans la terre là où il n'y a majoritairement que du bitume.
Mais le lombricomposteur répond aussi à une problématique : il permet de créer, à partir d'un déchet à valeur négative (coûts de traitement), un produit à valeur positive puisque le compost est favorable à la conservation du sol.
Au-delà de ça, avoir un lombricomposteur chez soi c'est aussi avoir un écosystème à portée de main ; c'est toujours riche d'enseignements !
N'hésitez pas à nous faire vos retours d'expérience. Par exemple, que donnent les mêmes plantes dans les mêmes types de bac avec et sans compost ?

Vous avez d'autres interrogations sur le lombricompostage ?
CommenterRéduire et traiter les déchets organiques à la source, même en ville
MOTE : Îlot de compostage urbain
« Matière Organique Très Expressive » est un projet qui vise à promouvoir le compostage partagé en milieu urbain, à travers un dispositif physique et un programme de sensibilisation.

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Julien Hoffmann
Rédacteur en chef — DEFI-Écologique
Fasciné depuis 20 ans par la faune sauvage d'ici ou d'ailleurs et ayant fait son métier de la sauvegarde de celle-ci jusqu'à créer DEFI-Écologique, il a également travaillé à des programmes de réintroduction et à la valorisation de la biodiversité en milieu agricole.
Il a fondé DEFI-Écologique avec la conviction qu'il faut faire de la protection de l'environnement un secteur économique pour pouvoir réellement peser sur les politiques publiques.
Julien est membre de DEFI-Écologique.