10 gestes simples pour aménager un jardin plein de vie

Vous rêvez d’un jardin plein de vie où vos enfants et petits-enfants pourront découvrir les merveilles de la nature ? Où vous pourrez faire des observations fascinantes en leur compagnie ?

Suivez ces quelques conseils et le plus désert des jardins en béton vert se transformera au fil des mois et des ans en une petite jungle grouillante et colorée.

Ce que vous allez apprendre

  • Comment respecter le lopin de terre à votre charge
  • De quelle façon « produire » tout en respectant l’environnement
  • Comment favoriser la biodiversité dans votre jardin
  • Quelles espèces vous pouvez y abriter
Frédérick Tristan
On ne possède jamais que le jardin de ses rêves.

1. N’utilisez plus de pesticides, même naturels

Pesticides naturels
Pesticides naturels Domaine public

Les dangers des pesticides chimiques de synthèse sont bien connus.

Ils empoisonnent les animaux, les eaux et les sols. Ils sont néfastes pour notre santé et celle de nos enfants. Ils persistent longtemps dans l’environnement.

Tout ami de la Nature se doit de les bannir de son jardin.

Mais les insecticides naturels, comme le pyrèthre, ont aussi leurs inconvénients.

Si leurs molécules sont détruites en quelques jours et ne s’accumulent pas, ils sont très toxiques au moment de leur épandage pour tous les insectes.

Même ceux qui ne sont pas visés succombent s’ils sont touchés. Alors si vous voulez un jardin plein de vie, oubliez-les.

Les abeilles, les coccinelles, les guêpes et les mouches parasites et bien d’autres espèces vous diront merci et se mettront gratuitement au travail pour vous.

  • Les pollinisateurs visiteront vos fleurs.
  • Votre jardin produira à profusion graines, baies et fruits.
  • Les prédateurs et les parasites vous aideront à contrôler l’explosion des populations de certains ravageurs bien ennuyeux, comme les pucerons.
  • Les recycleurs renforceront la fertilité naturelle de votre sol.

Ne travaillez pas contre la nature, mais avec elle : c’est plus facile et moins fatigant !

2. Offrez quelques mètres carrés à la nature sauvage

Lavoir de Moeurs XIX ème siècle
Lavoir de Moeurs XIX ème siècle Nathalie Danau

Semez ou plantez un végétal quelconque et vous devez le bichonner pour qu’il pousse bien.

Souvent il périclite s’il est laissé sans soin, alors que la mauvaise herbe qui a levé toute seule à côté est d’une vigueur insolente.

La raison ? Les espèces sauvages sont parfaitement adaptées aux conditions de sol, de climat, d’exposition dans lesquelles elles se trouvent et n’ont besoin d’aucun soin pour pousser.

Alors faites confiance à la nature et abandonnez-lui quelques mètres carrés dans un coin éloigné du jardin, dans une zone ombragée, à côté du compost ou sur un bout de terre de remblai ingrate.

Les graines de plantes sauvages qui se trouvent dans le sol, véritable mémoire du jardin, pourront lever.

Vous serez surpris de la variété et de la beauté des fleurs qui apparaîtront, certaines modestes et fugaces comme les véroniques, d’autres imposantes et persistant plusieurs mois comme le bouillon blanc.

Ces plantes sauvages attirent et nourrissent de nombreuses bestioles :

  • Papillons et abeilles précoces butineront les pissenlits.
  • La chenille de machaon se régalera des feuilles du fenouil.
  • Tout un peuple de pucerons, de chenilles et de punaises animera le feuillage des orties.

3. Plantez une haie variée d’espèces locales

Haie champêtre
Haie champêtre Pixeltoo

Pour borner le jardin, pour lui donner une certaine intimité et le transformer en petit cocon de nature, rien ne vaut une haie.

Mais oubliez les thuyas et les faux cyprès taillés au cordeau, véritable béton vert, mort et désert.

Choisissez des espèces variées. Mélangez les sujets à feuillage caduc et persistant. Privilégiez les espèces locales qui attirent oiseaux et insectes comme le noisetier, l’aubépine, le prunellier, le sureau ou le troène sauvage.

Et pourquoi pas une ronce ? Cette mal-aimée produit des fruits délicieux, nourrit de nombreux insectes, protège de ses épines les nids de merle, de troglodyte, de rougegorge et de bien d’autres oiseaux.

Autre avantage de la haie variée : à son pied la terre n’est pas travaillée.

Les déchets végétaux s’accumulent en une couche épaisse servant de refuge aux petites bêtes comme le hérisson.

Quand les arbres sont devenus grands, le bois mort qu’ils produisent nourrit et abrite des espèces bien particulières, comme les larves du petit capricorne ou celles du lucane cerf-volant.

4. Laissez fleurir votre gazon

Gazon fleurit
Gazon fleurit F. Lamiot

La tondeuse est une invention mortelle pour les criquets, les grenouilles et autres petites bêtes qui aiment vagabonder dans l’herbe. Elle les hache sans pitié.

Les plantes ne sont pas mieux loties. Seules les graminées et quelques fleurs, comme les pâquerettes, peuvent survivre à son passage régulier.

Mais est-il bien nécessaire de transformer toute la pelouse en moquette rase ?

En ne tondant que les endroits de passage et les aires de jeu, quelques bandes pourront être laissées à une végétation plus haute dans laquelle vous pourrez introduire des fleurs typiques des prairies fleuries comme la marguerite.

  • Ces fleurs que vous aurez semées ou qui apparaîtront spontanément attirent papillons, coléoptères et abeilles..
  • Les grandes tiges d’herbe nourrissent et abritent criquets et sauterelles.
  • Musaraignes et mulots y circulent en toute sécurité.
  • Un rougegorge installera peut-être son nid sous une touffe de primevères.

Cette végétation exubérante devrait être fauchée une fois par an à l’automne.

Si vous ne pouvez pas épargner un coin de pelouse, réduisez un peu le massacre en réglant la tondeuse le plus haut possible.

5. Etalez la floraison de vos plates-bandes

Chenille de machaon sur fenouil
Chenille de machaon sur fenouil Vincent Albouy

Les couleurs variées, les formes si diverses et les parfums si suaves des fleurs réjouissent nos yeux et notre nez.

C’est pour cela que nous les apprécions tant et que nous leur faisons une place si importante au jardin.

Mais ces couleurs, ces formes, ces odeurs ne nous sont pas destinées. Elles permettent aux plantes de communiquer avec les insectes qui les pollinisent. Ce sont autant de messages publicitaires destinés à les séduire et à les attirer.

Le pollen et le nectar des fleurs nourrissent des très nombreux insectes : perce-oreilles, cétoines, longicornes, guêpes, mouches, papillons, bourdons, abeilles et bien d’autres.

C’est dire leur importance pour avoir un jardin plein de vie. Alors, quand vous composez vos plates-bandes, pensez à ces petits amis à six pattes !

Privilégiez les fleurs des jardins d’autrefois, les variétés anciennes à fleurs simples.

Fuyez les fleurs doubles ou pompon, monstres stériles qui ne produisent plus ni nectar ni pollen.

Et pensez à choisir variétés et espèces afin d’obtenir une floraison s’étalant du début du printemps, avec les giroflées, jusqu’à l’automne, avec les asters.

6. Creusez une mare

Petite mare de jardin
Petite mare de jardin Vincent Albouy

Nul besoin de disposer d’un grand jardin pour y créer une mare.

Un simple bassin moulé de quelques centaines de litres enterré près d’une descente de gouttière qui l’alimente avec les eaux de pluies récupérées sur un toit suffit.

Vous pouvez le végétaliser en vous fournissant dans une jardinerie. Mais quelques touffes de racines prélevées à la pelle dans un fossé d’un marais de la région fait aussi bien l’affaire, et même mieux !

Les premiers locataires ne tarderont pas à arriver par les airs : punaises patineuses, punaises de pleine eau, dytiques et autres coléoptères aquatiques, libellules…

Si vous avez prélevé des racines, la motte contenait peut être des vers, des larves de libellule que vous verrez se déplacer sur le fond.

Ne vous laissez pas influencer par ceux qui accusent les mares d’être des nids à moustiques. Les nombreux prédateurs présents leur laisseront peu de chance de survie.

Si vous êtes envahis, allez plutôt jeter un œil dans votre bac de récupération d’eau de pluie. En général, c’est là qu’ils pullulent en toute tranquillité.

René Antoine de Réaumur
Il ne se trouve nulle part ailleurs autant de merveilleux, et de merveilleux vrai, que dans l’histoire des insectes.

7. Respectez les mousses et les feuilles mortes

Mousse et feuilles mortes
Mousse et feuilles mortes Thomas Bresson

Les rayons des jardineries sont encombrés de machines et de produits destinés à ramasser, extirper, brûler, détruire les feuilles mortes et les mousses.

Pourquoi tant de haine ? Pourquoi vouloir détruire la mousse si douce sous les pieds nus ?

Parce qu’elle est inesthétique car elle jaunit en séchant ? Mais le gazon en fait autant !

Et pourquoi considérer les feuilles mortes comme un déchet, alors que c’est à la fois une nourriture et un abri pour de nombreuses bestioles ?

En respectant la mousse, en entassant les feuilles mortes sous la haie et les arbustes, tout un peuple travaillant dans l’ombre vous en sera reconnaissant :

  • Les vers de terre engraisseront, qui feront le bonheur des merles et des hérissons
  • Les minuscules collemboles comme les grosses larves de cétoine y prospèreront
  • A la belle saison, le crapaud passera la journée confortablement installée dans une loge sombre et humide
  • Des carabes et des staphylins prédateurs viendront s’y réfugier
  • Coccinelles et bourdons y passeront l’hiver.

8. Pensez aux bestioles nichant dans le sol

Collembole
Collembole Andy Murray

Certains insectes, abeilles et guêpes solitaires si utiles pour polliniser les plantes et pour aider à contrôler les ravageurs ont besoin de zones de terre nue pour creuser leur terrier.

C’est le cas notamment des dasypodes ou abeilles à culottes, des halictes ou philanthe apivore. Un raccourci dans une pelouse, à la terre tassée et dénudée par des passages quotidiens, est parfois colonisé.

Alors plutôt que d’installer un pas japonais et de ressemer du gazon, tolérez cette petite cicatrice.

Si par hasard vous disposez d’un reste de sable après un chantier, déposez-le contre un mur orienté si possible au sud. Il servira de solarium et de pondoir aux lézards et aux couleuvres. L’ammophile des sables et d’autres espèces pourront venir y creuser leur terrier.

Mais ce tas devra leur être réservé : pas question qu’il serve aussi aux pâtés des enfants, qui doivent disposer de leur propre bac à sable.

9. Conservez des abris pour l’hiver

Une osmie rousse sur son nichoir
Une osmie rousse sur son nichoir Vincent Albouy

Un jardin propre est trop souvent un jardin mort.

Souvenez-vous de cet adage quand vous aurez des velléités de nettoyage.

Les tiges mortes qui encombrent les parterres à l’automne vous dérangent ? Elles servent de lieu d’hivernage à une foule de petites bêtes. Repoussez ce nettoyage au printemps ou conservez au moins quelques touffes en place.

Et n’évacuez pas les tiges coupées à la déchetterie, mais laissez-les en tas sous la haie ou dans un endroit tranquille. Les petites bêtes qui s’y trouvent pourront se répandre dans le jardin. Et le tas pourra servir de refuge aux petits rongeurs et aux orvets.

Si vous devez élaguer un arbre ou l’abattre car devenu gênant ou trop vieux, laissez le bois pourrir sur place. Coupez des bûches d’un mètre de long et entassez-les dans un coin à l’ombre.

Dans les interstices se réfugiera un crapaud, nicheront des oiseaux et peut-être un hérisson, hiverneront de nombreux insectes. Le bois mort sera peu à peu dégradé par divers recycleurs spécialisés comme les larves de longicorne.

Et tout ce petit monde sera lui-même la pâture de parasites et de prédateurs qui enrichiront la vie du jardin par leur activité.

10. Construisez des nichoirs

Les animaux, comme les humains, peuvent connaître la crise du logement.

C’est notamment le cas pour ceux qui s’abritent dans les trous des vieux arbres dépérissant, mésanges ou bien abeilles et guêpes solitaires.

Au milieu de ressources alimentaires abondantes, ils ne peuvent renforcer leurs populations faute d’endroits adéquats pour élever leur progéniture. Alors, pourquoi ne pas leur offrir des gîtes artificiels, des nichoirs ?

Les oiseaux apprécient les nichoirs « boite-aux-lettres ».

Pour les insectes qui utilisent les trous de sortie des larves vivant dans le bois mort, la bûche de bois percée est idéale.

Prenez un tronçon dans une bûche de chêne, de charme ou autre bois dur. Avec des mèches de 2 à 8 millimètres de diamètre, percez des trous ne traversant pas la bûche.

Un autre modèle très apprécié des insectes se fabrique avec une dizaine de tronçons de tige creuse de bambou fermées à un bout, d’un centimètre de diamètre maximum. Rassemblez-les en botte avec un morceau de fil de fer.

Placez bûche ou botte dans un endroit abrité, comme un renfoncement de fenêtre, ou bien au sommet d’un piquet, à exposition sud ou sud-est et près des parterres de fleurs.

Pour conclure

Pas de chimie, moins de moteur, plus de plantes sauvages et locales, une mosaïque de petits milieux de vie, de la nourriture et des abris pour tout le monde.

Papillons, abeilles, oiseaux et bien d’autres petites bêtes fascinantes ne demanderont pas mieux que de passer ou de s’installer dans votre jardin, devenu un jardin plein de vie.

Alors n’hésitez pas à passer à l’action et à inventer vous-mêmes d’autres gestes pour enrichir encore plus ce jardin de nature.

Portrait de l'auteur

Nous vous avons donné des pistes, et maintenant comment comptez-vous mettre de la vie dans votre jardin ?

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Vincent Albouy

Entomologiste — OPIE

Entomologiste amateur et naturaliste de terrain, il se passionne depuis bientôt 30 ans pour le jardinage naturel, afin d’attirer et protéger les mauvaises herbes et autres bestioles négligées ou mal aimées.

Il est auteur de plusieurs livres sur le sujet.

Vincent est le président de l'OPIE.

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3 réponses à “10 gestes simples pour aménager un jardin plein de vie”

  1. Bien, le jardin. Mais moi je me pose certaines questions. Tout ce que vous avez écrit, je le fais à ma mesure. La seule chose que j’ai apprise, c’est le tas de sable pour la naissances des lézards, etc. Mon véritable souci n’est pas la pollution de la circulation, ni les pesticides environnants (je peste, mais quoi faire ?), ni les mauvaises herbes du pré voisin qui m’envahissent le potager, non non, ce sont les rats-taupiers (ou campagnols). Tout ce que je fait :paille, broyats, cartons pour éviter l’érosion de mon terrain en pente, etc. Tout cela leur plait, beaucoup. Il a même fallu que j’achète un composteur pour mes déchets, en mettant un grillage entre lui et la terre car pour les campagnols mes déchets c’était buffet à volonté. Ils dévorent les racines des arbres, des fleurs, je ne vous parle même pas des légumes-racines. Ils adorent, comme moi, les plantes condimentaires.. Alors l’année prochaine, je ne fais rien, car même la phacelie leur permet de se cacher et de se balader à la recherche de la nourriture, à l’abri du seul rapace qui tourne dans le ciel. Enfin si : tomates, courges, alkekenges, ce genre là… bien sur je suis pour quelques prédateurs, pas pour en faire un élevage. à plus je n’ai pas de connexion,je vais sur l’ordi de la mediathèque.

  2. J’ajouterais un onzième points, le bien être du jardinier. Prendre le temps d’observer, de se faire plaisir en contemplent son jardin permet de mieux le comprendre et de déceler plus facilement un changement. Alors posez-vous ! ouvrez grand les yeux et les oreilles !