La Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité (FRB) a sollicité son Conseil d’Orientation Stratégique (COS) pour jeter un regard sur plus de 250 initiatives françaises pour la protection des pollinisateurs, dans le cadre de l’évaluation de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques).
Non exhaustive, sans parti pris ou dogmatique, la synthèse réalisée est un excellent socle de compréhension autant pour ce qui est des actions en cours que des orientations actuelles de la protection des pollinisateurs.
Ce que vous allez apprendre
- Comment les pouvoirs publics participent à la protection des pollinisateurs
- Quelles sont les pistes d’amélioration des conditions actuelles
- Comment la transformation des paysages agricoles peut participer à la protection des pollinisateurs
Proverbe suisse
Les mots sont comme les abeilles, ils ont le miel et l’aiguillon.
Des politiques publiques en toile de fond
Un plan national d’actions « France, terre de pollinisateurs » pour la préservation des abeilles et des insectes pollinisateurs sauvages vient de se finaliser en 2016. Mais le travail sur la Trame Verte et Bleue n’est pas en reste pour ce qui est de bénéficier aux pollinisateurs de notre territoire, entre corridors écologiques et autre restaurations de milieu.
La Politique Agricole Commune (PAC) n’est pas en reste sur le sujet et valorise de plus en plus les actions en faveur de l’environnement et notamment des pollinisateurs à travers les Mesures Agro-Environnementale et Climatique (MAEC) telles que HERBE 07 (maintien de la diversité floristique), LINÉA 01, PHYTO 02 et autres.
On notera également que l’Europe participe activement à la préservation de la biodiversité avec l’application de la directive habitat encadrant la désignation des sites Natura2000 qui compte 1700 sites terrestres en France sur les 5500 de toute l’Union Européenne.
Initiatives d’amélioration des conditions actuelles
La prise en compte des risques immédiats peut passer par plusieurs actions différenciées et complémentaires, qui ont pour but d’apporter une disponibilité en nourriture aux pollinisateurs (pollen et nectar), que ce soit à travers des espaces non cultivés, des mélanges en foin plus diversifiés, un travail sur l’étalement de la floraison (notamment des haies) ou encore l’utilisation de matériel agricole plus adéquat et utilisé à des moments plus propices.
La gestion des maladies des abeilles d’élevage et une meilleure maîtrise des pesticides présents et à venir sont aussi identifiés comme leviers immédiats d’améliorations.
Pour tirer avantage des possibilités immédiates, la certification pourrait jouer un rôle clef tout en mettant en parallèle une amélioration des pratiques d’élevage des abeilles domestiques en quantifiant par la même les bénéfices portés par ces dernières.
L’écologie urbaine doit aussi prendre sa place dans les actions immédiates, par la valorisation de tous les espaces non bâtis.
Les programmes de sensibilisation et d’éducation sur le sujet sont encore trop peu documentés pour définir clairement leur impact sur le changement de perception des pollinisateurs, de leur intérêt, de leur importance.
Les programmes de sciences citoyennes sont considérés comme des outils efficaces de sensibilisation de milliers de bénévoles investis et participent à un réel changement de comportement.
Restent les éternelles questions des fonds pour la mise en œuvre de tels programmes (pour preuve, la valorisation de quatre actions financées par LVMH) ainsi que celle de la place des sciences participatives.
On regrette également que ce point n’aborde pas l’intérêt de sentiers pédagogiques et d’interprétation pérennes ou d’expositions temporaires et mobiles qui ont l’avantage de toucher un public diversifié à plus long terme.
Initiatives de transformation des paysages agricoles
La gestion active des services écosystémiques en encourageant une réelle diversité des parcelles cultivées et limitant au maximum le labour, tout en développant des formes collaboratives.
Hormis la promotion des moyens de gestion intégrée, le suivi d’exploitation pour mieux cerner les enjeux de pollinisation ou encore le développement de la commercialisation d’espèces domestiques plus variées, on retiendra surtout l’action de promotion des techniques traditionnelles mises en lien avec les acteurs locaux et le monde de la recherche. Ce dernier point nous semble particulièrement porteur de savoir autant que d’innovation.
Des initiatives de renforcement des systèmes agricoles diversifiés participent également à la transformation des paysages agricoles par le soutien à l’agriculture biologique et la conservation de la diversité bio-culturelle.
L’investissement dans des infrastructures écologiques est une des clefs des actions menées, autant en ce qui concerne le renforcement des connectivités des habitats que leur préservation ou encore leur restauration.
La Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité
La FRB, plateforme de travail entre acteurs de la société et monde de la recherche tous concernés par la biodiversité, a vu le jour en 2008. Organisme né du ministère de la recherche et de l’écologie et greffé dès sa genèse à huit établissements publics de recherche, ce sont désormais 170 structures qui participent à la vie de la fondation pour la recherche sur la biodiversité. Mécénée, notamment par LVMH, la fondation a pour but de « relever ensemble les défis scientifiques de la biodiversité ».
Maxence Fermine
Il comprit que l’homme s’était éloigné un peu plus du paradis. Et il se prit à rêver de devenir une abeille.
Initiatives contribuant à la transformation des liens de la société avec la nature
L’intégration des connaissances des populations dans la gestion des pollinisateurs est un point crucial de cette initiative.
En action, cela revient à créer des ponts entre la recherche (quelle qu’elle soit) et les pratiques agricoles de terrain. Mais aussi avec les différents savoirs autochtones, dans un sens comme dans l’autre.
Il s’agit ici aussi de « soutenir les activités innovantes relatives aux pollinisateurs qui suscitent l’attachement des parties prenantes aux multiples valeurs socioculturelles des pollinisateurs ».
Nous tenons à souligner ce point dans la mesure où, s’il n’est pas fait état des pollinisateurs en milieu urbain dans ce point, c’est là un sujet qui nous tient particulièrement à cœur et sur lequel nous avons déjà bien travaillé à innover, chez DEFI-Écologique !
Établir des liens entre les populations et les pollinisateurs est le dernier pan d’action de ce document, avec la valorisation d’une recherche de haut niveau en matière de pollinisateurs mais aussi la mise en exergue d’un besoin de sensibilisation à cette problématique et le besoin de gérer aussi les populations urbaines de pollinisateurs.
C’est, enfin, le développement de suivis des pollinisateurs et l’amélioration de formation à l’identification des pollinisateurs qui sont pointés.
Les préconisations de la FRB
En toute logique, la FRB insiste sur l’importance des actions présentées tout en encourageant à leur démultiplication comme de réels leviers de protection et de valorisation des pollinisateurs.
La FRB souligne à juste titre l’importance d’un suivi scientifique de qualité de toutes les démarches engagées en matière de protection des pollinisateurs, afin de pouvoir les moduler dans le temps. Pour ce faire, il est également crucial que toutes les données collectées et que les informations techniques et scientifiques soient mises à disposition de tous, en toute transparence.
Pour conclure
Le rapport de la FRB « Plus de 250 initiatives en faveur des pollinisateurs mises en regard de l’Évaluation de l’IPBES » est un document de choix pour tous les acteurs de la communauté scientifique, de la société civile ou encore des professionnels du milieu agricole ou de l’environnement.
Source d’inspiration pour toutes personnes ou institutions désireuses de s’emparer de la problématique, on ne peut qu’espérer qu’il permettra d’essaimer les mesures en faveur de tous les pollinisateurs.
Est-ce qu'il manque quelque chose à ce rapport ? Qu'est-ce qui aurait dû y apparaître, selon vous ?
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Banc Refuge
Le banc Refuge® rapproche le citadin de la Nature. À la fois assise et refuge à insectes, cet objet éco-conçu par DEFI-Écologique a également une portée pédagogique et participative !
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Julien Hoffmann
Rédacteur en chef — DEFI-Écologique
Fasciné depuis 20 ans par la faune sauvage d'ici ou d'ailleurs et ayant fait son métier de la sauvegarde de celle-ci jusqu'à créer DEFI-Écologique, il a également travaillé à des programmes de réintroduction et à la valorisation de la biodiversité en milieu agricole.
Il a fondé DEFI-Écologique avec la conviction qu'il faut faire de la protection de l'environnement un secteur économique pour pouvoir réellement peser sur les politiques publiques.
Julien est membre de DEFI-Écologique.Vous aimerez aussi
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30/09/2016
Bonjour,
Je suis agricultrice dans le rougier de CAMARÉS, sud Aveyron, et je prends petit à petit conscience du problème du déclin des pollinisateurs .
Serait il possible d’avoir un accompagnement pratique et concret pour améliorer nos pratiques sur l’exploitation et ainsi favoriser les pollinisateurs ?
Ce qu’il manque dans les textes , c’est ça : des actions concrètes claires et précises pour agir !
Trop de blabla pour le constat , pas assez pour agir !
Merci de votre attention
Annie QUAGHEBEUR