Végétal local : un défi pour la biodiversité

Sur la base d’un découpage géographique de notre territoire en onze secteurs distincts, le label Végétal local repose sur un référentiel technique qui assure la traçabilité des végétaux sauvages, depuis leur prélèvement durable en milieu naturel jusqu’à leur commercialisation.

Le label Végétal local a été créé en 2015 à l’initiative de la Fédération des Conservatoires Botaniques Nationaux (FCBN), l’Association Française Arbres Champêtres et Agroforesteries (AFAC-Agroforesteries) et Plante & Cité. À ce label est associé le non moins important label Vraies messicoles, qui travaille à la sauvegarde des plantes compagnes des cultures.

Pour présenter le végétal local et débattre de plusieurs problématiques liées à son exploitation, l'Agence Française pour la Biodiversité a organisé la journée d'échanges techniques « Semer et planter local : un défi pour la biodiversité », dont nous avons compilé les informations à ne pas manquer !

Ce que vous allez apprendre

  • L’intérêt des plantes locales dans la gestion de milieux
  • De quelle manière le végétal local est exploitable
  • Quelles sont les problématiques de récolte
  • La place du végétal local dans l’action en faveur des pollinisateurs
  • Comment le végétal local à une influence sur nos cultures

Pourquoi préférer les plantes indigènes d’origine locale ?

La végétalisation à base de plantes sauvages est de plus en plus utilisée sur le bord des routes, les talus, etc.

Par contre, les premiers critères de constitution de ces mélanges sont souvent basés sur l’esthétique, mettant en avant des plantes sauvages effectivement, mais non indigènes.

Dans le cas pratique d’une restauration écologique, la performance génétique d’une population de plantes utilisées diminue avec la distance dont elles sont originaires, en théorie.

En effet, le principe est vrai, mais le phénomène n’est pas linéaire, il s’agit de prendre plusieurs paramètres en compte.

Planter local peut ainsi limiter les risques liés à l’utilisation de plantes non indigènes (invasives, pollution génétique, etc.).

Armin Bischoff
Semer et planter local peut éviter les risques liés à l'utilisation de populations et espèces non-locales.

Intervention d'Armin Bischoff - IMBE, Université d'Avignon

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Les labels du végétal local

Logo des labels  Végétal local et Vaies messicoles
Logo des labels Végétal local et Vaies messicoles UPGE

Les labels « Végétal local » et « Vraies messicoles » se prennent en main !

Jusqu’à présent, le marché français de végétaux d’origine sauvage ne disposait pas de garantie pour qualifier la provenance de ces végétaux.

Pourtant, pour la restauration des milieux, l’origine locale de ceux-ci est une nécessité tant écologique qu’économique : s’appuyant sur des végétaux adaptés, elle favorise la reconstitution des communautés végétales cohérentes et la réussite des semis et des plantations.

En France, des actions régionales ou locales voient aujourd’hui le jour. Elles visent à mettre en place et à promouvoir des filières de production de plantes ou d’arbres adaptées à des territoires spécifiques.

Ces deux labels répondent à cet enjeu et valorisent ces filières de production de semences et plants d’écotypes locaux.

Quel intérêt et comment utiliser les végétaux d’origine locale ?

Sandra Malaval (animatrice Végétal local) porte dans un premier temps notre attention, à juste titre, sur la terminologie attenante à la notion de végétal local et toute la sémantique qui s’y attache.

Il est tout à fait courant d’utiliser des termes identiques mais en n’y mettant pas le même sens (exemple : une production peut être locale, mais de plantes exotiques, etc.). C’est un fait à prendre en compte avant de se lancer dans un projet de végétalisation ou re-végétalisation.

Le végétal local apporte une valeur ajoutée au niveau local. Il s’agit de semis durables et créateurs d’emploi sur un lieu géographique précis, en gardant une diversité génétique locale et en améliorant la résistance aux maladies.

Ces végétaux ont un cycle de vie cohérent avec la faune locale et servent d’autant plus à nourrir la TVB (Trame Verte et Bleue).

Les différents principes de multiplication des populations locales, explicités plus avant dans la vidéo, sont autant le transfert de touffes ou de foins que la collecte manuelle (pour sélectionner certaines espèces spécifiquement) que la collecte d’espèces dites « en mélange ».

Sandra Malaval
On n’entend pas tous forcément la même chose dans végétal local.

Intervention de Sandra Malaval - CBN Pyrénées & Midi-Pyrénées

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Projet de récolte de semence par le CEN Auvergne

Un travail de fond pour essayer de concilier les enjeux agronomiques et écologiques, tout un programme !

Une parcelle de récolte de végétaux a ainsi été cherchée et trouvée pour pouvoir l’utiliser sur la même exploitation, afin de valoriser une autre parcelle qui ne satisfaisait pas l’agriculteur.

Le coût final de l’opération est apparu moins élevé au kilogramme que ce que l’agriculteur avait pour habitude de dépenser en achetant dans le commerce, mais en plus le volume de graines nécessaire à l’hectare était moindre d’un tiers, ce qui constitue un excellent résultat.

Reste à mettre en lumière une technique de tri autant qu’une analyse des espèces récoltées, mais la plus-value est factuelle.

Sylvie Martinant
Le but était d’enrayer la perte de biodiversité tout en préservant cet agrosystème.

Intervention de Sylvie Martinant - CEN Auvergne

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Mélange afin de végétaliser : limites et opportunités

Les limites d’usage du végétal sauvage sont de plus en plus reculées, avec de nombreux projets innovants et une demande croissante, qui voit également les filières classiques peiner à répondre à la demande.

Les mélanges de graines peuvent avoir plusieurs vocations en matière de génie écologique, mais on choisira surtout d’avoir une diversité vaste au sein même du mélange afin d’arriver à un couvert le plus pérenne possible.

L’équilibre de ces mélanges est une clef de leur réussite, quel que soit l’objectif et ceci notamment afin d’éviter la prédominance d’une espèce en particulier.

Les opportunités en matière de « végétal local » sont évidemment mises en avant par le fait que même les régions qui n’ont pas encore de filière labellisée en la matière voient tout de même des structures s’immiscer dans ce segment de commercialisation.

Ghislain Huyghe
Le choix du végétal devrait devenir un nœud central et primordial à toutes nos réflexions !

Intervention de Ghislain Huyghe - Bureau d’études BIOTEC

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« France, terre de pollinisateurs », la place du végétal local dans le plan national d’action

Le PNA a pour enjeu de sauvegarder la biodiversité de pollinisateurs tout en sauvegardant les services de pollinisation rendus par ces derniers.

Les insectes pollinisateurs sauvages ont besoin de flores indigènes car ces dernières sont synchrones avec l’entomofaune.

Même si de nombreux insectes sont généralistes en matière de pollinisation, ils ont souvent des préférences, ce qui peut grandement jouer sur leur capacité de survie.

La diversité floristique joue aussi beaucoup sur la présence d’insectes car certains sont gros, d’autres petits, certains ont des langues courtes, d’autres longues, etc.

Il en faut pour tout le monde pour maintenir une réelle biodiversité !

La flore oligotrophe (de milieu pauvre qui est, paradoxalement, riche en variétés floristiques) a beaucoup régressé en France du fait des pratiques agricoles, ce qui porte préjudice aux pollinisateurs. Carduées et fabacées sont celles qui ont le plus régressé.

Serge Gadoum
En ville, les arbres jouent un rôle important pour les pollinisateurs sauvages.

Intervention de Serge Gadoum - Office Pour les Insectes et leur Environnement

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Les messicoles, des alliés pour nos cultures ?

Le marché est étroit en matière de végétal local et la concurrence est là, face à des industriels qui font valoir les mêmes arguments mais sans avoir un produit cohérent et de qualité.

Il faut compter cinq ans de la mise en place à la commercialisation d’une variété locale nouvelle.

L’intérêt d’associer plusieurs végétaux locaux aux cultures est d’importance écosystémique.

Les messicoles fleurissent à un moment clef où la disponibilité en nourriture est basse pour les auxiliaires et autres insectes. Nourrissant les insectes, ces messicoles favorisent ainsi également la présence de toute l’avifaune qui s’en nourrit.

Pascal Colomb
C’était une évidence pour nous : une évidence d’être dans le label flore locale !

Intervention de Pascal Colomb - Ecosem

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Pour conclure

Toutes les vidéos de cette journée d’échanges ne sont pas reprises ici pour éviter de se noyer dans les informations, mais nous ne pouvons que vous conseiller d’aller voir plus avant toutes les autres interventions !

Le génie écologique a de l’avenir, personne n’en doute, mais il est toujours agréable de voir autant d’essais, d’études et autres techniques mises en place par autant de personnes convaincues qu’il est possible de réaffirmer la place de la biodiversité botanique dans notre pays.

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Julien Hoffmann

Rédacteur en chef — DEFI-Écologique

Fasciné depuis 20 ans par la faune sauvage d'ici ou d'ailleurs et ayant fait son métier de la sauvegarde de celle-ci jusqu'à créer DEFI-Écologique, il a également travaillé à des programmes de réintroduction et à la valorisation de la biodiversité en milieu agricole.

Il a fondé DEFI-Écologique avec la conviction qu'il faut faire de la protection de l'environnement un secteur économique pour pouvoir réellement peser sur les politiques publiques.

 Julien est membre de DEFI-Écologique.

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