Le paillage : beaucoup d’avantages… et quelques inconvénients !
Un sol nu, la nature ne connait presque pas. Le paillage permet de rétablir un équilibre entre contraintes de productions et milieu de production : obtenir le résultat souhaité (légumes, fleurs, aromatiques, etc.) sans mettre le sol à mal.
Mais le paillage ne se limite pas à respecter le sol, il permet de limiter son temps de travail, d'utiliser moins d'eau, de multiplier la présence de microfaune, dont les vers de terre, et donc d'augmenter la croissance des plantes… entre autres choses à découvrir dans cet article !
Dans certains cas cependant, le paillage est une technique à utiliser en connaissance de cause car elle possède également ses inconvénients.
Ce que vous allez apprendre
- Quels sont les avantages du paillage
- Comment réaliser un paillage digne de ce nom
- Quels sont les différents types de paillage
- Comment les plantes couvre-sol peuvent vous aider
- Quels sont les limites de l'utilisation d'un paillage
Proverbe Serbe
Mieux vaut gagner dans le commerce de paille que perdre dans celui de l'or.
Les avantages du paillage
-
Esthétique
Un paillage peut être esthétique… car oui, selon le type de paillage choisi on peut très bien travailler le visuel de son potager.
De beaux poivrons « Golden Treasure » ou de belles tomates « Copia » sur fond de paillis minéral, ça peut faire un effet bœuf !
-
Battance
Sur un sol nu va facilement se créer une « croute » sous l’effet de la pluie. Ce phénomène, plus ou moins marqué, est désigné par le terme de « battance du sol » et est signe d’un sol dégradé.
Le paillage évite ce phénomène pour la simple et bonne raison que la pluie ne tombe pas directement sur le sol, elle est amortie par le paillage.
-
Diminuer l’éclaboussure des plantes
A cela se rajoute la limitation des éclaboussures dues à l’eau tombant directement sur le sol, ce qui réduit le risque de maladie cryptogamiques (maladies causées par un champignon), mais laisse aussi vos légumes plus propres pour la consommation !
-
Evite l’évaporation, limite l’utilisation de l’eau et réduit le temps de travail
Un paillage retient cette même eau en limitant son évaporation. En effet, grâce au paillage, l’eau reste dans le sol sur une plus longue durée. Plus longtemps disponible pour les plantes, elle leur permet d’avoir un milieu plus propice à leur croissance grâce à l’eau disponible.
Dans cet objectif, on peut également ajouter de la terre de diatomée à la démarche et maximiser ainsi la rétention d’eau. On réduit donc dans le même temps l’utilisation d’eau d’arrosage ET son temps de travail.
-
Adventice et donc concurrence lumière
Un paillage réalisé dans les règles de l’art va très fortement limiter la croissance des adventices et autres concurrentes des plantes potagères. Le sol étant recouvert, les indésirables n’ont pas accès à la lumière et n’ont donc pas la possibilité de croître.
Moins de produits chimiques désherbants → moins de travail → moins d’adventices → moins de concurrence → plus de production !
-
Repousser les ravageurs
Selon le type de paillage et les problèmes rencontrés dans le potager, il est possible de limiter la présence de certains ravageurs. Par exemple, un paillis de restes de coquilles de noix sera une véritable barrière à la progression des limaces et autres escargots.
-
Microfaune et décomposition
Dans la catégorie microfaune « auxiliaire » : collemboles, protoures, diploures et autres vers de terre n’évoluent jamais sur sol nu. Un paillage permettra leur présence et, du même coup, l’activation en bonne et due forme de votre sol.
En effet, tous ces décomposeurs de matière organique vont nourrir votre sol et le rendre pour ainsi dire plus fertile.
-
Tampon thermique
À la tombée du jour, le paillage va jouer un rôle de rétenteur de chaleur.
Cette dernière sera gardée dans le sol par le paillage qui sert alors de tampon thermique entre la terre et l’air. On augmentera ainsi la vigueur des plantes autant que leur longévité.
-
Lessivage et lixiviation
L’eau pénétrant dans le sol trop rapidement emmène avec elle nombre d’éléments importants pour lui.
Le phénomène de lessivage (entrainement de particules solides — ex : argile) et de lixiviation (entrainement de particules solubles — ex : azote) est diminué par la présence d’un paillage qui limite donc l’appauvrissement des sols.
-
Eviter l’utilisation de désherbants chimiques et diminuer le temps de travail
Un paillage réalisé comme il se doit (sur une terre bien aérée où toutes les adventices ont été retirées avec soin) ne verra quasiment pas de plantes concurrentes à la culture en place.
En effet, les adventices n’ayant pas accès à la lumière du fait du paillage, elles ne pourront pas pousser. Et voilà que l’on se débarrasse des désherbants !
Quant à l’eau, le sol étant protégé du soleil et du vent, il s’assèche bien moins vite et permet des économies considérables.

La notion de paillage dans la nature

Dans la nature, le sol nu n’existe quasiment pas (hormis les roches ou les déserts).
Il suffit de prendre l’exemple de la forêt et de sa « litière forestière », couche de végétaux (feuilles, mousses, branchages de toutes tailles, humus) recouvrant l’intégralité des sols, pour le comprendre.
Inutile d’essayer envers et contre tout de réinventer la nature : laissez vos sols recouverts !
10 plantes pour recouvrir un sol nu
-
Sedum couvre sol rouge — Sedum spurium
Sedum couvre sol rouge - Sedum spurium Stan Shebs Très résistant aux conditions extrêmes, le sedum couvre sol rouge tapisse littéralement le sol de ses fleurs d’un superbe rouge.
-
Saxifrage blanc — Saxifraga ardensii
Saxifrage blanc - Saxifraga ardensii Meneerke Bloem Plante que l’on peut aussi bien mettre en pot, elle se plaira surtout dans les milieux rocailleux.
-
Oreille d’ours — Stachys lanata ou byzantina
Oreille d'ours - Stachys lanata ou byzantina Jean-Pol Grandmont Plante douce autant à l’œil qu’au toucher, elle est résistante à toutes les conditions de sols et toutes les conditions de sècheresse.
-
Campanules des murs — Campanula muralis
Campanules des murs - Campanula muralis Wouter Hagens Pratique pour recouvrir les bords de murets comme son nom l’indique, elle est aussi rustique que résistante.
-
Grande pervenche — Vinca major
Grande pervenche - Vinca major Isidre Blanc Les sols ombragés ne lui posent pas de problème et ne lui empècheront pas d’attirer les insectes en recherche de pollen.
-
Acaena magellanica — Acaena magellanica
Acaena magellanica - Acaena magellanica Stan Shebs Particulièrement recouvrante, elle apprécie les sols un peu sableux.
-
Azorella trifurcata — Azorella trifurcata
Azorella trifurcata - Azorella trifurcata Sten A feuilles persitantes, cette plante restera très basse et couvrira le sol tout au long de l’année.
-
Erigeron de Karvinski — Erigeron karvinskianus
Erigeron de Karvinski - Erigeron karvinskianus Kenpei Plante peu exigente, elle poussera bien en milieu rocailleux et fleurira tout l’été.
-
Céanothe rampant — Ceanothus thyrsiflorus repens
Céanothe rampant - Ceanothus thyrsiflorus repens A. Barra Dans les massifs ou près des murets, cette plante se couvrira de bleu à la fin du printemps et, du fait de ses feuilles persistantes, couvrira le sol toute l’année.
-
Lysimaque — Lysimachia punctata
Lysimaque - Lysimachia punctata Bjoertvedt Si cette plante est fragile face aux escargots et limaces, elle n’aura besoin que de beaucoup d’eau pour s’épanouir.
Les différents types de paillage
-
Feuilles mortes
Les feuilles mortes sont tout à fait d’à propos pour constituer un paillage dit « végétal ».
Une fois un minimum humidifié elles tiendront au sol sans problème. On peut viser de 8 à 10 centimètres d’épaisseur (l’équivalent de ce qui tomberait d’un arbre).
-
Tonte de gazon
Toujours dans la catégorie végétale, la tonte de gazon, souvent disponible en masse, est tout aussi indiquée même si elle se décompose assez rapidement et demande à être remplacée régulièrement.
Le gazon fermente et peut augmenter la température du sol, mieux vaut donc viser une épaisseur de 1 centimètre qui se décomposera rapidement et que l’on renouvellera.
-
Paille de céréales
La paille de céréales est très efficace si tant est qu’on en place une couche assez épaisse (5 à 8 centimètres assez tassés).
Elle a également l’avantage de se trouver relativement facilement.
-
Écorce de pin
Les écorces de pin se trouvent dans le commerce sans difficulté, il faut néanmoins faire attention aux plantes qui en bénéficieront du fait de l’acidification du sol par les écorces.
-
Bois Raméal Fragmenté
Gros plan de BRF - Bois raméal fragmenté prêt à l'emploi Le Bois déchiqueté, aussi appelé Bois Raméal Fragmenté ou BRF ou encore copeaux de bois, est certainement la meilleure des options.
Il s’agit de récupérer les déchets de taille des haies et de les broyer. C’est une des plus belle valorisation de la haie que l’on puisse faire, mais il convient de le réaliser en fin de saison (à la période de taille… logique !) et, une fois le bois déchiqueté, le placer dans les jours qui suivent.
-
Paillettes de lin
La paille de lin, également appelée « paillette » parce que bien plus fine, est très appréciée pour son côté esthétique. Prenez garde à bien l’arroser à l’installation pour éviter qu’elle ne s’envole.
-
Toile de coco, toile de jute et feutre de paillage
La toile de coco, la toile de jute ou le feutre de paillage ont un très bon comportement et permettent par ailleurs des plantations de grande taille.
Ils existent en rouleau ou en dalle selon les contraintes de terrain.
-
Paillis minéraux
Le paillage minéral permet de réchauffer le sol et de ne pas avoir à le changer ou à le renouveler chaque année.
Mais cela veut également dire qu’il faut pouvoir, dans sa tenue de jardin ou d’exploitation, pouvoir se le permettre. Ainsi, hormis le fait qu’il faille sélectionner des plantes à pailler qui aiment particulièrement la chaleur, on pourra aussi en choisir le rendu esthétique.
Un paillis confectionné à base de branches malades ne doit pas être mis au pied des plantes pour éviter tout risque de maladies cryptogamiques (maladie causée par un champignon).
Fougère, prêle, aiguilles de pins et thuya sont réputés antifongiques et peuvent donc palier à ce problème, mais non sans gros risques d’impacter la vie du sol.
Il faudra donc éviter de mettre les restes de paillis de ce type dans le compost ou de les laisser au sol, voire de les enfouir, sans quoi vous allez stopper l’activité de votre sol en réduisant la présence de tous les champignons !
En cela, par exemple, le thuya pose même un véritable problème de retraitement dans les centres de tri. Ensemble, tuons les thuyas !
Le paillage oui, mais…
-
Limitation du réchauffement des sols
Si le paillage permet de garder la chaleur, posé trop tôt, il empêchera le sol de se réchauffer au printemps.
-
Acidification des sols
Certains paillis ne sont adaptés à toutes les cultures.
Le thuya ou les écorces de pins, que l’on pourrait penser comme étant utilisable sans problème, vont acidifier les sols ou risquer de le déstabiliser en tuant les champignons.
-
Périodes de paillage pour éviter la rétention de l’eau, selon le type de sol
Garder l’eau dans le sol est une bonne chose… mais pas trop. Le paillage peut également étouffer le sol en retenant trop d’eau (surtout en période de fortes précipitations) ou quand le sol en retient déjà lui-même.
Un sol gorgé d’eau ne verra pas de microfaune se développer.
-
Sans culture, favoriser le couvert vivant
Si le sol doit rester nu pour une raison ou pour une autre ou si, comme lors du point précédent, on a un sol présentant beaucoup d’eau, il faudra favoriser un couvert vivant pour faciliter l’évacuation de l’eau en surplus.
-
Certaines plantes n’aiment pas le paillis
Certaines cultures demandant peu d’eau (ail, oignon, échalotes) et n’apprécient donc pas le paillage.
Dans la même veine, les jeunes plants seront pour la plupart ravi de voir le paillage arriver… 7 ou 10 jours après plantation.
-
Pas de replantation
Les plantes paillées ne peuvent pas se ressemer elles-mêmes.
Proverbe Français
On voit la paille dans l’œil de son voisin, mais pas la poutre dans le sien.
Comment pailler

Avant de réaliser votre paillage, préparer la terre est essentiel notamment en la grattant un peu, mais surtout en faisant en sorte d’avoir tout désherbé au préalable.
C’est au moment de ce désherbage que vous sentirez, à la main donc, si la terre s’est déjà réchauffée ou non (pas de paillage sur sol gelé).
S’il faut faire attention à ne pas étouffer vos jeunes plants avec votre paillis, vous pouvez aussi en rajouter au fur et à mesure. Le paillage se dégrade de toute façon en cours de saison (hormis le minéral), nécessitant des rajouts.
Essayez de maintenir un paillage végétal de 6 à 10 centimètres d’épaisseur, n’hésitez pas !
Arrosez bien votre paillage lors de son installation pour éviter qu’il ne s’envole et pour faire en sorte qu’il commence à participer de la vie du sol. Faites bien attention à ce que le paillage reste un minimum aéré pour éviter d’étouffer le sol en dessous.
Pour conclure
Les paillages sont réellement pleins d'avantages, c'est un fait. Nombres de solutions existent autant pour le particulier souhaitant être cohérent avec son potager, que pour le professionnel qui a ses contraintes de terrain.
Il faut cependant éviter quelques erreurs et bien entendre que c'est une connaissance de notre sol qui fera la différence… comme souvent.
Reste à creuser la façon dont il faut mettre tous ces paillis en place, mais j'imagine que vous avez des retours d'expériences à nous faire ?
N'hésitez pas à nous en faire part dans les commentaires ci-dessous !

Peut-on imaginer d'autres paillages encore ?
CommenterNature et techniques au service de l'agriculteur et d'une agriculture durable
Agroécologie

Une réalité de terrain confrontée aux besoins de développement durable
Considération de l’humain comme pièce maîtresse de l’exploitation
Veille sur les nouvelles expériences et techniques
Des compétences riches et fortes d’une expérience de terrain
Les spécialistes du sujet sont sur vos réseaux sociaux préférés

Aménagement du jardin

Info BRF

Plantes Rares et Jardin Naturel

Léontine Cabriolet

Haies vives d'Alsace

BRF Génération

Julien Hoffmann
Rédacteur en chef — DEFI-Écologique
Fasciné depuis 20 ans par la faune sauvage d'ici ou d'ailleurs et ayant fait son métier de la sauvegarde de celle-ci jusqu'à créer DEFI-Écologique, il a également travaillé à des programmes de réintroduction et à la valorisation de la biodiversité en milieu agricole.
Il a fondé DEFI-Écologique avec la conviction qu'il faut faire de la protection de l'environnement un secteur économique pour pouvoir réellement peser sur les politiques publiques.
Julien est membre de DEFI-Écologique.