LOGE : un peu plus de place pour les insectes en ville, toujours plus de médiation

La biodiversité en ville peut et doit s’aborder à différents niveaux mais, face à l’urgence de la prendre en considération et de lui laisser la part belle, tous les niveaux d’actions doivent être abordés de front.

Chez DEFI-Écologique nous accompagnons déjà les acteurs de l’urbain de demain, que ce soient des collectivités, des promoteurs immobiliers ou des entreprises dans le cadre de leur RSE, mais nous développons aussi des solutions en propre comme le banc Refuge ou MOTE.

À ces solutions à la fois pédagogiques, participatives et de biodiversité vient désormais s’ajouter LOGE, fruit de plusieurs années de développement (et oui, les choses mettent du temps quelle que soit l’énergie que l’on y injecte) et d’un partenariat solide avec un nouvel acteur de notre écosystème, la Poterie Jamet.

Ce que vous allez apprendre

  • Ce qu’est LOGE
  • Pourquoi nous avons développé LOGE
  • Comment LOGE est fabriqué
  • Qui profitera de son installation
  • Les erreurs à ne pas commettre avec LOGE
Julien Hoffmann
LOGE n’a en cela aucune autre prétention que d’être une brique supplémentaire dans un paysage qui a bien besoin d’outils, notamment pédagogiques, pour aider la biodiversité à prendre pied dans le quotidien des gens de ville.

LOGE : qu’est-ce que c’est ?

Les tubes, au bon diamètre sensiblement variable du fait de la matière utilisée, sont faits pour durer.
Les tubes, au bon diamètre sensiblement variable du fait de la matière utilisée, sont faits pour durer. DEFI-Écologique

LOGE est une brique à trous un peu particulière en ceci que ses trous sont spécifiquement prévus pour abriter certains types d’insectes à commencer par les abeilles sauvages.

Les autres réservations ont vocation à être rempli de matériaux comme la paille ou les feuilles mortes, là aussi pour attirer des insectes tels que les chrysopes, les forficules, les Anthocoris ou encore bien des arachnides.

La forme en double hexagone a quant à elle été choisie à la fois pour des raisons esthétiques qui font sens avec le sujet des pollinisateurs, mais aussi et surtout parce qu’elle permet l’empilement de plusieurs LOGE. Ce type d’empilement permet également de réaliser aisément des réservations afin d’y intégrer des supports pédagogiques et explicatifs mais aussi de créer de véritables aménagements paysagers, orientés sud-est .

Point trop n’en faut

De la méconnaissance aux bonnes intentions, certaines erreurs peuvent être commises qui peuvent être lourdes de conséquences surtout quand on essaye de donner un petit coup de patte à la biodiversité.

Comme pour tout dispositif souhaitant appuyer la présence d’insectes, il ne faut en aucun cas « charger la mule ». D’une part parce que la question de la nourriture disponible est importante (mais pas essentielle car les mécanismes d’autorégulation joueront à plein, sauf si la concurrence d’abeilles domestiques fait rage…) et d’autre part pour des raisons d’équilibre.

Trop d’insectes de la même espèce peut créer de nombreux phénomènes négatifs comme l’augmentation du parasitisme (à priori le plus documenté actuellement) mais aussi l’augmentation des échanges de pathogènes comme c’est le cas pour les oiseaux ou les mammifères lors de leurs désastreux nourrissages en ville. Plusieurs dizaines de LOGE ne porteront pas préjudice, voire même plusieurs centaines s’il sont implantés dans de bonne conditions, fragmentés et que les espaces alentours sont suffisamment riches. N’hésitez pas à nous demander !

Pourquoi LOGE ?

Une présentation possible de LOGE modélisée pour le projet INTERREG Bliiida.
Une présentation possible de LOGE modélisée pour le projet INTERREG Bliiida. DEFI-Écologique

S’il n’y a pas plus efficace pour donner une place à la biodiversité que le milieu naturel préservé, la chose est de facto compliquée en ville. Les choses évoluent cependant, notamment grâce à la demande de plus en plus pressante des citadins pour un milieu urbain qui donne une vraie place à la biodiversité et à la Nature au sens large.

De la gestion différenciée des espaces verts, à l’arrêt de l’utilisation des produits phytosanitaires, aux cours d’écoles élaborées pour donner toute la place possible à la biodiversité en passant par des actions de plantation massives, les choses avancent… Très doucement au regard des enjeux et pas de manière uniforme sur le territoire, mais elles avancent.

LOGE n’a en cela aucune autre prétention que d’être une brique supplémentaire dans un paysage qui a bien besoin d’outils, notamment pédagogiques, pour aider la biodiversité à prendre pied dans le quotidien des gens de ville.

Enfin, LOGE est une réponse, comme nous l’avons imaginé avec le banc Refuge, à tous ces « hôtels à insectes » esseulés, mal pensés voire contre-productif (mauvais garnissage, non operculés à l’arrière, etc.), souvent fabriqués au loin avec des matériaux inadéquats (bois lamellé collé, lasuré, peint, etc.) et très rarement à l’épreuve du temps. Voir poindre de partout des hôtels à insectes était une bonne nouvelle pour la biodiversité, mais les voir désormais pourrir et se décrépir par milliers est un réel gâchis.

Présentation de LOGE au salon Paysalia de Lyon avec notre banc Refuge et les Ollas d'irrigation !
Présentation de LOGE au salon Paysalia de Lyon avec notre banc Refuge et les Ollas d'irrigation ! DEFI-Écologique

À qui va servir LOGE ?

LOGE va nous servir à tous… Inviter les insectes, encore si mal compris et si mal perçus, dans notre quotidien ne peut que permettre de mieux les protéger, de mieux les accepter. La colonisation de LOGE étant de par ailleurs visuellement quantifiable en ceci que les abeilles sauvages qui viendront brièvement y élire domicile operculeront les trous, c’est la notion de saisonnalité de la biodiversité qui s’invitera dans l’espace public.

Car oui, la part belle est faite pour les abeilles sauvages à travers des « tunnels » pensés à la bonne dimension après cuisson pour les attirer. Ces abeilles viendront ainsi y déposer œufs et nourriture avant de refermer le tout pour protéger la progéniture à venir.

Larves dans les tubes

Quand une osmie (une des abeilles sauvages les plus répandue) passe près de LOGE elle se rend rapidement compte que c’est un lieu au poil pour venir y installer ses larves. Elle commence donc par faire un petit peu de ménage à l’intérieur de la cavité qu’elle a choisi.

Elle va ensuite créer une petite loge en terre dans laquelle elle va déposer un œuf ainsi qu’une boulette de nourriture préparée par ses soins et qui consiste en un mélange de nectar et de pollen. Une fois l’opération terminée elle fini d’operculer cette loge et recommence avec la suivante de manière à remplir tout le tube à sa disposition.

Début d'occupation d'un nid par une abeille sauvage (Osmia cornuta).
Début d'occupation d'un nid par une abeille sauvage (Osmia cornuta). Entomart

Fait tout bonnement prodigieux à notre sens, ce sont les derniers œufs placés dans le tube qui seront les premiers à éclore pour éviter que les premiers œufs ne se retrouvent coincés au fond. L’explication tiendrait en grande partie du fait que les œufs les plus proches de la sortie sont des mâles qui se développent plus vite… Et oui, l’osmie choisie le sexe des œufs qu’elle pond, facile pour elle. Un chantier à gérer, la popote à préparer, la ponte à réaliser le tout sans se faire dévorer par on ne sait quel passereau et voici comment rendre Wonderwoman sommes toute insipide.

Les demies-lunes ont pour vocation d’être bourrées de paille (sans trop forcer pour laisser des espaces colonisables) pour donner place aux chrysopidae et aux forficules alors que les triangles accueilleront plus volontiers des feuilles mortes dans les mêmes proportions pour créer un nid douillet pour les Anthocoris (et autres).

Enfin, les rectangles seront laissés volontairement vides pour tous les insectes qui peuvent en avoir l’utilité pour passer l’hiver abrités mais aussi pour tous les arachnides.

Commande

Nous avons eu beau tourner le problème dans tous les sens et essayer de lui trouver des solutions efficaces et pérennes, il nous est cependant impossible de livrer LOGE à l’unité.

D’une part nous n’avons pas les moyens techniques de réaliser des emballages individuels, d’autre part le risque de casse sur un envoie unique est tel qu’il nous faudrait augmenter les prix pour absorber les réclamations ce qui n’est pas dans nos objectifs d’accès large au dispositif et enfin, il est illusoire de penser pouvoir réaliser des livraisons individuelles de matériel aussi lourd sans avoir un impact carbone disproportionné et ce sans même parler de l’emballage.

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Inviter les insectes, encore si mal compris et si mal perçus, dans notre quotidien ne peut que permettre de mieux les protéger, de mieux les accepter.

Préparation de la pâte à façonner, Poterie Jamet pour LOGE

Choix des Terres brutes

Deux terres brutes de carrière en provenance de la région Nantaise sont nécessaires pour fabriquer une pâte à façonner spéciale pour LOGE :

  • une argile grasse pour la tenue,

  • une argile maigre pour le drainage au séchage et la résistance avec le temps.

Mélange, Broyage et Malaxage

La terre brute est stockée dans un distributeur qui la délivre sur un convoyeur.

Le mélange se fait directement sur le convoyeur en direction du broyeur, puis va directement dans le mélangeur où on ajoute l’eau pour le malaxage.

On va calibrer le mélange avec un grain spécifique qui facilite le drainage de l’eau au séchage tout en gardant une excellente tenue. La proportion du mélange et la taille du grain sont tenues secrètes.

Cette opération essentielle permet d’obtenir des céramiques uniquement avec le grain naturel et homogène des « terres fines », sans aucune autre roche dure ou chamotte.

Les différentes argiles « maison » Poterie Jamet, possédant ce grainage, ont une structure interne beaucoup plus solide et homogène que les argiles « classiques » avec ou sans l’ajout d’une « Chamotte ».

Ce procédé unique donne aux céramiques Jamet une résistance et une durabilité exceptionnelle, contribuant à les rendre insensibles au gel.

Malaxage et Temps de repos

Une fois le malaxage terminé, la pâte « spéciale LOGE » est laissée « à pourrir » (au repos) entre 3 et 6 jours (selon les conditions climatiques du moment et du calendrier), afin qu’elle fermente à nouveau légèrement, lui assurant une homogénéité parfaite.

Cela contribue à :

  • diminuer le risque ultérieur de fissures,

  • donner une pâte adaptée au pressage sans risque de paillettes,

  • passer la pâte plus facilement dans la matrice/filière spéciale « LOGE » et que les espacements soient respectés au plus près,

  • avoir une bonne tenue avant séchage et cuisson, sans bavure au niveau des alvéoles,

  • augmenter la résistance à des chocs mécaniques et thermiques (dont le gel).

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S’il n’y a pas plus efficace pour donner une place à la biodiversité que le milieu naturel préservé, la chose est de facto compliquée en ville.

Extrusion

C’est la phase finale de la préparation de la pâte à façonner LOGE. On malaxe une dernière fois la pâte mouillée et reposée, puis on la met dans une extrudeuse qui se termine par une filière/matrice.

Sous la pression de l’extrudeuse, la filière/matrice sort les modules LOGE en double hexagone régulier avec tous les espacements internes calculés et définis par les naturalistes.

Les pièces sont ensuite coupées à la longueur souhaitée.

Etapes et Temps de fabrication

  • Pâte à façonner

    Broyage, Mélange et Malaxage : une demie à 1 journée, selon la quantité souhaitée

    Temps de repos de la pâte : 3 à 6 jours

  • Extrusion et coupe

    Le remplissage de la pâte à façonner dans l’extrudeuse, puis la sortie et coupe des modules donne un temps d’étape de fabrication d’environ 6 heures pour 250 pièces.

  • Tomette arrière

    La tomette de bouchage est fabriquée avec la même pâte à façonner à l’aide d‘une presse munie d’un emporte-pièce. L’opération prend 4 heures.

  • Séchage

    Pour éviter les fissures, un séchage long de 3 mois est nécessaire.

  • Cuisson et refroidissement

    Cuisson à 1 100° Celsius pendant 14 heures. Les différentes phases de température et des temps de cuisson associés sont tenues secrets.

    Refroidissement en 24 heures.

  • Finitions

    Il faut ensuite poncer les deux faces du module /double hexagone avec un disque diamant pour enlever les bavures qui bouchent les trous. Cela prend 5 minutes par module pour les deux faces.

    Le collage de la tomette de bouchage prend 2 minutes.

    Pour 250 pièces, le ponçage et le collage représentent environ 30 heures.

Le développement industriel en éco-conception de LOGE nous aura pris plus de 3 ans.
Le développement industriel en éco-conception de LOGE nous aura pris plus de 3 ans. DEFI-Écologique

Caractéristiques

  • Poids

    Double hexagone seul : 7,3 kilogrammes.

    Double hexagone face arrière bouchée : 8,65 kilogrammes.

  • Dimensions

    Largeur : 28 centimètres.

    Hauteur : 16 centimètres.

    Profondeur Double hexagone seul : 15,5 centimètres.

    Profondeur Double hexagone face arrière bouchée : 17,5 centimètres.

    Diamètre d’un hexagone : 14 centimètres.

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Pour conclure

LOGE est pour nous la concrétisation d’une idée en dispositif et, croyez-nous, ce n’est pas une mince affaire quand on se démène seuls, sans aucun subside et que l’on est une équipe particulièrement exigeante sur les objectifs comme sur le résultat.

Nous avons souhaité, souhaitons et souhaiterons toujours apporter notre petite contribution à la lutte contre l’érosion de la biodiversité, mais sans prétention ni faux semblants. LOGE ne sauvera pas les insectes en milieu urbain et ne peut se suffire à lui-même sur le sujet, loin de là. Mais ce dispositif peut inviter un peu plus les insectes et plus particulièrement les pollinisateurs sauvages dans notre quotidien et ça, c’est déjà une belle victoire pour nous.

Portrait de l'auteur

Il existe une multitude de dispositifs à faire soi-même ou industriels, vous avez des idées en la matière ?

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Portrait de l'auteur

Julien Hoffmann

Rédacteur en chef — DEFI-Écologique

Fasciné depuis 20 ans par la faune sauvage d'ici ou d'ailleurs et ayant fait son métier de la sauvegarde de celle-ci jusqu'à créer DEFI-Écologique, il a également travaillé à des programmes de réintroduction et à la valorisation de la biodiversité en milieu agricole.

Il a fondé DEFI-Écologique avec la conviction qu'il faut faire de la protection de l'environnement un secteur économique pour pouvoir réellement peser sur les politiques publiques.

 Julien est membre de DEFI-Écologique.

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3 réponses à “LOGE : un peu plus de place pour les insectes en ville, toujours plus de médiation”

  1. Incroyable comme façon de faire. J’ai beaucoup appris en vous lisant, merci ! LOGE a du potentiel et ce sont les petits ruisseaux qui créent les grandes rivières ! Bravo à vous !

  2. Je ne suis pas convaincu qu’il s’agisse là d’une bonne idée.
    Comme vous dites, il existe une une multitude de dispositifs à faire soi-même
    Mais en ville, pourquoi pas….

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