Militer pour la biodiversité : comment s’engager pour le vivant ?

&

La biodiversité s'effondre à toute vitesse et les pouvoirs publics appuient sur l’accélérateur !

Lundi 6 mai, l'IPBES a rendu son rapport sur l'effondrement de la biodiversité. La conclusion est sans équivoques : l'effondrement général n'est plus discutable.

En même temps, Matignon affaibli le Conseil National de la Protection de la Nature et le président courtise les chasseurs, pendant que les agents de l'ONF dénoncent l'industrialisation des forêts.

Malheureusement, la liste des attaques systémiques contre le vivant est longue et nous n'avons pas pour but ici d'être exhaustifs sur le sujet.

À défaut de pouvoirs publics efficaces, tout le monde peut, à son échelle, participer à la sauvegarde de la faune et de la flore.

Si vous souhaitez préserver et aggrader (l'inverse de dégrader) les écosystèmes qui vous entourent et dont vous faites partie, voici une liste d'actions que vous pouvez mener de manière efficace et autonome.

Ce que vous allez apprendre

  • Pourquoi se mobiliser est devenu urgent et indispensable
  • Quelle que soit votre situation, vous pouvez soutenir la biodiversité
  • Quelles actions immédiates sont possibles
  • Comment et pourquoi les enfants peuvent participer
DEFI-Écologique
Si, comme nous, vous ne portez pas Monsanto dans votre cœur, lancez des amarantes et des coquelicots !

Lancer des bombes à graines

Des bombes à graines prêtes à être lancées.
Des bombes à graines prêtes à être lancées. congerdesign

Les bombes à graines, c’est quoi ?

Fabriquer des bombes à graines, c’est très facile !

Il vous suffit de faire une petite boule d’argile et de terreau, d’y faire un petit trou dans lequel vous glissez quelques graines.

Vous pouvez ensuite parcourir la ville ou battre la campagne et y répandre des végétaux pour dynamiser la biodiversité locale et faire en sorte qu’elle investisse plus rapidement les friches ou les chantiers.

En quoi est-ce un acte militant ?

Cette méthode de semis (qui permet, entre autres, de protéger les graines de l’appétit des oiseaux grâce à la terre qui les entoure) permet de se réapproprier des espaces abandonnés, oubliés ou maltraités.

Plusieurs objectifs peuvent être remplis en lançant des bombes à graines :

  • Enrichir les écosystèmes : en lançant des graines de coquelicots ou toutes graines d’essences locales vous profiterez d’un beau paysage fleurit et vous aiderez de multiples espèces.

  • Aider les pollinisateurs : chèvrefeuilles ou bourrache, n’hésitez pas à semer des plantes mellifères !

  • Enjoliver des friches : certains espaces peuvent rester vacants pendant plusieurs années. Tas de terres sur des chantiers, friches industrielles ou anciens potagers de logements abandonnés sont des endroits tout à fait appropriés.

  • Faire pousser une nourriture locale et bio : en privilégiant des variétés rustiques et vivaces, vous pourrez semer les graines de potagers sauvages qui se multiplieront d’année en année.

Quelles espèces privilégier ?

Plusieurs critères sont à envisager. Selon le climat local, le type de sol ou l’objectif recherché, plusieurs combinaisons de graines peuvent être envisagées.

Les végétaux locaux s’adaptent mieux et permettent de meilleurs résultats. Les plantes vivaces vous permettent de profiter d’un environnement riche, qui s’améliore d’année en année.

Il faut bannir les plantes exotiques ou invasives, car l’objectif principal est d’aggrader un terroir et le geste n’est pas sans conséquences.

Faciles, pas chères et efficaces

Très peu d'ingrédients sont nécessaires pour fabriquer des bombes à graines
Très peu d'ingrédients sont nécessaires pour fabriquer des bombes à graines DEFI-Écologique

Il est possible de fabriquer des bombes à graines à tout âge, peu importe où vous vous trouvez.

La terre se trouve dans la nature, si le sol est argileux vous pouvez l’utiliser tel quel, même si vous n’avez pas de terreau. Et si vous aimez le 100% gratuit et naturel, les turricules de vers de terre forment une base idéale !

Quant aux graines, il est possible d’en acheter, d’en échanger ou d’en récolter directement sur des plantes sauvages.

Comme pour le jardinage, l’efficacité de vos bombes à graines dépendra de votre savoir-faire et s’améliorera avec le temps.

Mais leur efficacité n’est plus à prouver et si, comme nous, vous ne portez pas Monsanto dans votre cœur, lancez des amarantes et des coquelicots !

Label Végétal Local

Si vous souhaitez organiser des ateliers ou travailler sur le sujet avec des écoles, mieux vaut s’entourer de professionnels pour le choix des graines que vous utiliserez. Il serait dommage d’être totalement contre-productif !

Le label végétal local est une vraie garantie de fiabilité quant aux essences et à leur origine géographique, autant historique que de production.

Construire des nichoirs, abris et refuges

Quelles espèces protéger en priorité ?

Vaste sujet n’est-ce pas ? En réalité il n’y a pas de réelle priorité à donner car le temps que vous vous penchiez sur une espèce en particulier, une autre risque d’être dans le marasme.

Il faut savoir développer un champ d’action large et changer régulièrement ses orientations.

  • Les grenouilles en tous genres sont, mondialement, incroyablement menacées et les anoures ne sont pas en reste sur le sujet.

  • Mais les pollinisateurs de tous bords aussi, tout comme une grande part des insectes qui, même s’il représente la plus grosse partie du gâteau de la biodiversité, sont ceux qui sont le plus en difficulté.

  • Les rongeurs, notamment sur le territoire français, sont aussi en peine, des fois même pas manque de donnée comme pour le campagnol amphibie.

  • Reste aussi les oiseaux… et toutes les autres espèces. Il y a du pain sur la planche !

Sans outils et sans bricolage

Même si nous ne pouvons être exhaustif ici et que nous mettrons à jour au fur et à mesure, il est déjà important de mentionner :

  • Les pollinisateurs que vous pouvez aider en empilant des tubes creux (tels que des roseaux ou des ronces) de manière à ce qu’il y en ait plusieurs centaines.

    Inutile de forcément créer un hôtel à insecte de toutes pièces, l’idée est là de faire quelque chose de simple plutôt que de ne rien faire.

  • Tas de branchages qui pourrait très bien convenir à un hérisson pour venir y passer l'hiver
    Tas de branchages qui pourrait très bien convenir à un hérisson pour venir y passer l'hiver Lynn Greyling

    Les hérissons auront grand besoin d’un abri pour l’hiver. Il est aisé de leur en apporter un en leur laissant un bon tas de branchages (un mètre de haut et un peu plus en diamètre) au fond de votre jardin ou dans votre verger. N’hésitez-pas à y ajouter des feuilles mortes pour l’isolation.

  • Au cœur de votre potager, mais partout ailleurs aussi, des souches de bois mort que vous laisserez décomposer seront des lieux de vie propices pour tellement d’animaux…

    Du carabe en passant par le cloporte et de nombreux autres auxiliaires de culture comme la cétoine, mais aussi à bien d’autres comme les collemboles ou les myriapodes.

Vous aimez le bricolage ?

Nichoir à chauves-souris pouvant accueillir  toute une colonie
Nichoir à chauves-souris pouvant accueillir toute une colonie DEFI-Écologique

Selon votre niveau de bricolage ou si vous avez accès à des FabLab, la liste pourrait potentiellement être… sans fin !

  • Construisez un hôtel à insectes complet. Il faudrait réaliser un guide complet pour éviter les erreurs de fabrication de telles structures comme on en voit partout ou presque (un hôtel à insecte qui n’est pas orienté au sud ou qui n’a pas le fond fermé est inutile, sauf d’un point de vue pédagogique).

    Inspirez-vous d’abord du type d’insectes que vous souhaitez favoriser et fouillez un peu pour savoir ce dont ils ont besoin.

  • Fabriquez des nichoirs à oiseaux. La chose peut paraître toute bête et, dans l’absolu, c’est le cas.

    Mais prenez garde à ce que les choses soient bien faites :

    • Évitez le bois de mauvaise qualité, les solvants, les colles et autres vernis.

    • Faites-en sorte que le nichoir soit étanche mais respirant (car l’humidité pourrait tuer les oisillons).

    • Veillez à une bonne isolation thermique (pour les mêmes raisons).

    • Étudiez le lieu d’installation pour ne pas faire de tort !

  • Schéma des ouvertures pour papillons sur le banc Refuge
    Schéma des ouvertures pour papillons sur le banc Refuge DEFI-Écologique

    Les abris à lépidoptères peuvent également avoir une réelle utilité.

    Vous pouvez ainsi construire des boîtes avec des ouverture verticales de 10 millimètres en façade et dans lesquelles vous placerez des tiges de bois verticales aussi et de 1 centimètre de diamètre pour permettre à d’éventuels papillons de venir faire leur chrysalide.

  • Les chrysopes adoreront avoir un abri rempli de paille, dans une boîte d’un bon volume et disposée près d’une haie, d’un bosquet ou d’une lisière de forêt.

    Pensez à faire en sorte que, orientée au sud, cette boîte ait des ouvertures en façade et en-dessous. Ces ouvertures devront avoir des formes de rainures de 10 millimètres et de ronds de 3 centimètres.

  • Les chauves-souris ont aussi droit à leur abri ! Un peu plus compliqué à fabriquer, il est néanmoins possible d’en trouver de bonne qualité dans le commerce.

    Superbement efficaces contre les moustiques, elles sont aussi fascinantes à observer, que ce soit en tendant l’oreille dans la nuit noire ou à la tombe du jour quand leur vol dynamique est encore visible.

Les petits pas, les petits pas… ça suffit pas ?

La politique des petits pas ne suffit pas, les réponses doivent être individuelles, collectives et institutionnelles.
La politique des petits pas ne suffit pas, les réponses doivent être individuelles, collectives et institutionnelles. Revue Le Partage

Faut-il oublier les douches courtes ?

Quand on sait que seulement 26% du plastique est recyclé en France et que sa production pourrait augmenter de 41% d’ici 2050, on pourrait avoir envie de remettre en question l’efficacité réelle du tri des déchets ménagers.

En revanche, lancer des bombes à graines ou fabriquer un hôtel à insectes, c’est toujours utile et efficace. Nous n’avons pas à renaturer 100% des zones dégradées, mais chaque coup de pouce aidera la biodiversité à survivre et à se redévelopper.

On peut le faire gratuitement, en toute saison et dans le respect de la loi.

Planter des haies

Pourquoi planter des haies ?

Haie champêtre bien en forme !
Haie champêtre bien en forme ! Dave_S.

Les haies ont des usages en pagaille, sans compter les fonctions que l’on a certainement oublié avec le temps et la disparition de ce savoir.

On peut ainsi citer le fait qu’elles soient coupe-vent, limitant la verse sur nos cultures (les céréales qui se couchent au sol), évitant ainsi l’érosion des sols ou encore les dégâts en tous genres dues aux grandes rafales.

Mais les haies servent aussi de garde-manger, de lieu de reproduction, de nidification ou simplement de repos à tout un cortège d’animaux, allant des oiseaux en passant par d’innombrable insectes ou encore petits comme plus grands mammifères.

Les haies ont ainsi un rôle agricole désormais reconnu qui permet, à l’échelle d’une exploitation, de produire plus et mieux tout en favorisant une biodiversité champêtre incroyablement mise à mal depuis des décennies.

Enfin, planter des haies n’est pas seulement un acte favorisant la biodiversité, c’est aussi une façon de modeler nos paysages.

Les haies ont disparu de nos paysages à coup de millions de kilomètres carrés sur les dernières décennies. Elles sont désormais reconnues comme ayant une valeur patrimoniale… Enfin !

Je ne sais pas pour vous, mais entre un bocage et une monoculture de maïs en avril, il ne fallait pas non plus avoir fait de hautes études pour comprendre que l’un était bien moins déprimant que l’autre.

Ne pas planter n’importe quoi

Vers Nantes, Gilets jaunes et écologistes plantent des pommiers sur les ronds-points.
Vers Nantes, Gilets jaunes et écologistes plantent des pommiers sur les ronds-points. ANV-Cop21

Planter n’est pas seulement un acte militant parce que l’on plante, c’est un réel souhait d’avenir. Mais un avenir, nos aïeux nous l’ont démontré par A plus B, il vaut mieux le réfléchir !

Sélectionner les bonnes essences (locales au demeurant) est une base. Ne pas se limiter à ce qui est « utile » car ce n’est là qu’une vision très anthropocentrique de la haie.

Choisissez donc consciencieusement ce que vous allez mettre dans votre haie, pourquoi et avec quel type d’entretien !

Associations spécialisées

Diverses associations proposent des formations et chantiers participatifs où vous pourrez acquérir de nombreux outils et connaissances en la matière.

La haie donneurs est une association qui plante diverses haies, sensibilise les enfants et mobilise les collectivités. Vous pouvez rejoindre ou créer un groupe d’amis n’importe où en France.

Haies vives d’Alsace œuvre pour la promotion de l’arbre champêtre en Alsace. Vous pourrez y trouver toutes les compétences pour organiser un chantier de plantation de haie, quelle que soit sa taille et son ambition !

Militer en famille, c’est pas un peu irresponsable ?

Toutes les actions listées ici peuvent être réalisées avec des enfants.

Ce sont d’excellents moyens de les sensibiliser à l’importance de la biodiversité et de leur transmettre des bases en botanique. En plus, bricoler avec des matériaux de récupération est une excellente manière d’aider des enfants à appréhender des notions telles que le recyclage et le gaspillage tout en les aidant à développer des capacités motrices et cognitives.

Militer en douceur, c’est également un enseignement politique, car c’est un acte controversé et parfois même un acte de désobéissance.

Prenez soin d’expliquer à vos enfants pourquoi vous semez là où personne ne s’aime.

DEFI-Écologique
Prenez soin d'expliquer à vos enfants pourquoi vous semez là où personne ne s'aime.

Créer des îlots de biodiversité

Quand l'herbe pousse, les fleurs suivent.
Quand l'herbe pousse, les fleurs suivent.

Les îlots de biodiversité, qu’est-ce que c’est ?

La raréfaction généralisée de lieux propices à l’épanouissement de la faune sauvage nécessite une réponse proportionnée.

Il s’agit donc d’investir, pour la biodiversité, tous les endroits aussi petits, temporaires ou incongrus soient-ils.

De petits lieux dédiés à la faune et la flore sont ainsi assez aisés à mettre en place.

Quels genres d’îlots ?

  • Laisser une place à une bande fleurie, que ce soit en bord de parcelle, dans votre jardin ou sur un talus qui serait le long de chez vous, c’est potentiellement donner de la nourriture au pollinisateurs… Mais pas que !

    De nombreux insectes se nourrissent de toutes les parties des plantes ou les utilisent pour se reproduire. Ne reste plus que les oiseaux pour venir s’en nourrir !

  • Les murs en pierres sèches, s’ils sont bien réfléchis, sont aussi des outils incroyablement efficaces. Il ne vous faudra pas attendre des années avant que lézards et araignées viennent les coloniser, sans compter les mousses ou encore les sedums.

  • Arrêter de tondre à tout va ! Cela n’y parait pas, mais c’est une façon aussi simple qu’efficace pour favoriser la biodiversité.

    D’une part, le cortège floristique évoluera rapidement si vous espacez vos tontes. D’autre part, vous activerez une vie dans vos sols que vous ne connaissiez pas. Enfin, vous favoriserez la présence d’insectes.

    Vous pouvez aussi tout simplement laisser une partie de votre pelouse pousser jusqu’à la fin de la saison et la couper, une fois l’automne venu.

La haie donneurs
Parce que nous n'avons rien à vendre et tout à partager.

Soutenir et interroger le rôle des associations

Il existe plusieurs manières de soutenir Sea Shepherd, même si vous n'avez pas le pied marin !
Il existe plusieurs manières de soutenir Sea Shepherd, même si vous n'avez pas le pied marin ! guano

L’importance des associations

Les français sont les champions de la vie associative, ce qui en soit est un bon signe de santé citoyenne.

De nombreux combats environnementaux n’auraient pu être gagné sans l’investissement d’associations dans la sauvegarde de milieux ou d’espèces spécifiques (et on en sait quelque chose chez DEFI-Écologique).

Il ne s’agit pas toujours d’aller plusieurs fois par semaine au siège de l’association ou participer à toutes les sorties et autres évènements pour soutenir une association de protection de l’environnement. Il est parfois tout aussi utile d’en parler autour de soi ou de simplement mettre la main au porte-monnaie pour que certains projets puissent aboutir.

Mais dans un monde en mutation, les associations doivent également faire leur introspection et les y accompagner n’est de loin pas inutile. La protection de la biodiversité nécessite urgemment des compétences et une énorme quantité de bras expérimentés que l’on peut difficilement imaginer ne pas être rémunérés.

La protection de la biodiversité, une activité professionnelle ?

Faire de ce milieu professionnel un secteur d’activité important est un des meilleurs moyens de peser sur les politiques publiques. Ce qui n’empêche en rien d’y voir un investissement digne de ce nom de la part des personnes qui y exercent !

Nous animons bien bénévolement ce blog, mais quelle déception quand certains de nos projets comme le banc Refuge ne sont pas soutenus par plusieurs associations (qui ne veulent pas être trop proches d’entreprises alors même qu’elles estiment le projet « génial »).

En 30 ans, le tout bénévole n’a pas réglé le problème des gens qui ont faim en France, au contraire, mais il a déresponsabilisé l’État sur le sujet. Peut-on se permettre de commettre la même erreur avec la protection de la biodiversité ?

DEFI-Écologique
La protection de la biodiversité nécessite urgemment des compétences et une énorme quantité de bras expérimentés que l’on peut difficilement imaginer ne pas être rémunérés.

Quelques associations qui œuvrent pour favoriser la biodiversité

Changeons le système, pas les écosystèmes

Aperçu d'un atelier de confection de bombes à graines
Aperçu d'un atelier de confection de bombes à graines DEFI-Écologique

Militants de longue date, nous avons souvent constaté que la biodiversité est peu représentée dans les luttes écologistes.

Bien entendu, le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité sont très liés et une lutte contre n’importe quel phénomène écocide est, de fait, une manière de préserver la biodiversité.

Cet été, nous profiterons du Camp Climat à Kingersheim pour présenter un atelier de fabrication de bombes à graines.

Camp Climat 2019

Le Camp Climat, c’est 10 jours de formations pour se préparer aux mobilisations futures : action non-violente, communication, stratégie, fabrication de banderoles… Avec les acteurs du mouvement climat, on se forme pour changer le système ensemble.

Regarder la vidéo sur YouTube

Adopter une alimentation végétale

L'élevage intensif a un énorme impact sur la biodiversité.
L'élevage intensif a un énorme impact sur la biodiversité. Daniel Beltrà Greenpeace

Les sujets du véganisme et du végétarisme font débat, y compris entre les auteurs de cet article.

Devrait-on prôner un véganisme strict ? Après tout, la meilleure manière de préserver les populations marines n’est-elle pas d’arrêter de les manger ?

Devrait-on vous encourager à vous rapprocher d’éleveurs locaux ayant des pratiques plus éthiques ? Nous connaissons nous-mêmes des élevages qui laissent une place à la petite faune des champs, comme le Grand hamster d’Alsace.

Quoi qu’il en soit, la surproduction et la surconsommation de viande ont un impact énorme sur l’ensemble de la biodiversité. Réduire notre consommation de produits issus d’animaux sur l’ensemble de la société est une nécessité.

Composter au maximum

Les déchets organiques en France

Trois unités de compostage en parc
Trois unités de compostage en parc Antranias

En France se sont 46,3 millions de tonnes de matières organiques compostables qui sont produites chaque année.

Ce chiffre colossal démontre que le traitement collectif d’une telle quantité de déchets a forcément un coût environnemental impressionnant, ne serait-ce que par le transport de cette matière…

Pourquoi composter ?

Représentant peu ou prou 25% de nos déchets, les matières organiques compostées ne pèsent pas dans nos poubelles. Composter c’est réduire largement et facilement notre empreinte, pas moins.

Mais composter c’est aussi créer une nouvelle matière, le compost, qui lui aura une nouvelle utilité qui n’aura de cesse de croître avec le temps et la mutation de nos modes de productions agricoles.

Sans engrais, difficile de produire. Sans chimie, difficile d’avoir des engrais, sauf en utilisant du compost et des fumiers (pour ne citer que les plus importants en matière d’alternatives).

Enfin, composter c’est créer de la vie ! Car un composte ne se décompose pas par l’action de champignons mais bien par l’action de microorganismes et de toute une batterie d’animaux tels que les cloportes, les myriapodes et bien d’autres.

Pourquoi est-ce militant ?

Nous parlons d’expérience chez DEFI-Écologique quand nous disons que le compostage est loin d’être acquis. Les mentalités doivent encore largement évoluer en la matière car, ne serait-ce que par rapport à nos voisins allemands, nous sommes terriblement en retard sur le sujet.

Non, le compost ce n’est pas un lieu sale. Un compost qui fonctionne bien sent bon la forêt, même en ville !

Non, le compost ce n’est pas compliqué.

Non, le compost ce n’est pas particulièrement contraignant, à partir du moment où il y a assez de lieux où le ramener.

DEFI-Écologique
L’idée est là de faire quelque chose de simple plutôt que de ne rien faire.

Randonner malin

La randonnée a le vent en poupe depuis quelques années et c’est là une excellente chose. Quel plus beau moyen pour découvrir la nature ?

Il y a cependant quelques règles et initiatives de base que vous pouvez emmener avec vous dans votre sac à dos lors de vos périples :

  • Déchets d'une saison sur un glacier
    Déchets d'une saison sur un glacier NPS Photo

    Prenez un sac poubelle avec vous. Vous trouverez toujours des déchets quelque part, que ce soit du plus petit au plus gros.

    La nature comme les animaux qui y évoluent vous remercieront de ne pas mettre des centaines d’années à les dégrader ou de s’étouffer avec en les goutant.

  • Tenez votre chien en laisse (si tant est que vous soyez autorisé à l’emmener avec vous).

    Les chiens sont interdits dans de nombreux milieux naturels qui doivent être préservé de leur perturbation (dérangement des oiseaux nicheurs, déstabilisations dues aux marquages territoriaux, petite faune croquée au détour d’un jeu de chasse, etc.).

    Pour rappel, de nombreux lieux sont soumis à réglementation sur le sujet : ne pas tenir votre chien en laisse peut conduire jusqu’à 750 euros d’amende et la mise en fourrière de votre animal.

  • Restez sur les sentiers prévus pour la randonnée. Le hors-piste paraît tentant et peut sembler ne pas faire de dégâts. Mais si nous sommes des centaines de milliers à le faire ou tout simplement si nous le faisons au mauvais endroit pour une espèce en particulier, les perturbations peuvent être conséquentes…

  • Ne cueillez pas tout et n’importe quoi. Si vous avez le droit de cueillir, laissez une part à la nature, elle vous remerciera l’année d’après.

    Renseignez-vous également sur la biologie de la plante que vous récoltez pour savoir de quelle manière la récolter le plus intelligemment.

  • Ne nourrissez pas les animaux, en aucun cas. Si la chose est valable en milieu urbain pour des raisons autant sanitaires qu’économiques, c’est tout aussi valable en milieu naturel.

  • S’il existe des zones de silence ou de quiétude spécifiques où vous vous devez d’être discret, ce n’est pas une raison pour chanter l’Internationale à tue-tête ailleurs.

    Nous sommes, par rapport aux autres espèces, de grands bruyants à la base, alors faisons d’autant plus attention de ne pas hausser la voix pour rien.

DEFI-Écologique
Il s’agit donc d’investir, pour la biodiversité, tous les endroits aussi petits, temporaires ou incongrus soient-ils.

Réduire l’impact de ses animaux domestiques

Les chats sont certes adorables, mais ils sont avant tout de redoutables prédateurs
Les chats sont certes adorables, mais ils sont avant tout de redoutables prédateurs Kathryn19

Un animal domestique fait partie de la famille la plupart du temps. Certains peuvent avoir un rôle utilitaire, mais les dernières décennies ont vu ce rôle se métamorphoser en rôle social ou d’agrément.

De là, il s’agit d’interroger la place de ces animaux à nos côtés, autant à l’aune de leur bien-être qu’en mettant leur présence en relief par rapport aux problématiques écologiques.

La présence d’animaux domestiques à nos côtés a sans aucun doute possible un impact pour le moins positif en matière de bien-être, pour nous autres humains. Difficile de s’arrêter à ce seul constat pour décrire des milliers d’années de cohabitation, mais ce n’est pas le propos de cet article.

Leur nombre, en revanche, n’a cessé de croître aussi sûrement que le nôtre, avec les dérèglements engendrés sur la faune sauvage que ça implique.

Il est de notre responsabilité de limiter au maximum l’impact de nos animaux, chats comme chiens. Même si tenir un chien en laisse, même dans la nature, paraît inconcevable pour beaucoup de maître, c’est là la moindre des choses pour la faune sauvage.

Attacher un grelot au cou d’un chat semble une atteinte au bien-être d’un félin qui a « besoin de chasser », d’après une grande majorité de propriétaire de chats. Et pourtant, à l’échelle mondiale ce sont, chaque année, des milliards d’animaux qui périssent, ne se reproduisent pas ou changent de comportement parce que nous n’assumons pas le fait que nos chiens et nos chats ne font plus parti de la chaîne alimentaire naturelle.

Le changement de paradigme quant à la protection de l’environnent demande du courage, à défaut d’adopter plutôt deux lapins, commençons par nourrir chats et chiens aux croquettes à base d’insectes !

Mobiliser ses proches, son entreprise ou son quartier

Tous les lieux de travail offrent des possibilités d'actions concrètes pour préserver la biodiversité.
Tous les lieux de travail offrent des possibilités d'actions concrètes pour préserver la biodiversité. Steven L. Herman

S’il est très difficile de faire bouger le système dans son ensemble, il est en revanche facile et agréable d’expliquer à ses voisins pourquoi (et comment) planter des haies ou construire des hôtels à insectes.

Les kermesses, La Fête des Voisins, La fête de la musique ou encore les Marches pour le Climat sont d’excellentes opportunités pour aborder le sujet avec de nombreuses personnes. Vous pouvez également proposer des ateliers de construction de petits refuges ou de confection de bombes à graines. Pourquoi ne pas organiser des apéros pour échanger, discuter et débattre ?

S’il existe un grand carré d’herbe à côté du parking de votre entreprise, vous pouvez mobiliser vos collègues pour y planter un potager, une haie rustique ou, simplement, en limiter la fauche. La RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) a un volet environnemental trop peu souvent stimulé. À vous de jouer !

Pour conclure

Pour pouvoir réellement préserver la biodiversité à grande échelle, des changements profonds seront nécessaires à tous les niveaux de la société.

En attendant que cela se produise collectivement, chaque personne peut contribuer à préserver ou à aggrader son environnement immédiat.

Certaines actions sont possibles en famille, chez soi. D'autres sont plus radicales ou nécessitent plus d'organisation mais envoient également un message politique fort.

Peu importe ce qui vous convient, en réalisant ne serait-ce qu'une action de cette liste, vous donnerez à la Nature qui vous entoure une bouffée d'oxygène dont elle a bien besoin.

Portrait de l'auteur

Vous avez d'autres idées à ajouter à cette liste ? Vous hésitez encore à mettre en œuvre celles que nous suggérons ?

Commenter

Sensibilisation créative et ludique à des préoccupations environnementales ou scientifiques

Ateliers pédagogiques

Conception et animation d’ateliers pédagogiques et créatifs liant contenu scientifique et culture artistique.

Ateliers pédagogiques

en savoir plus

Les spécialistes du sujet sont sur vos réseaux sociaux préférés

Logo de Alternatiba

Alternatiba

Logo de Haies vives d'Alsace

Haies vives d'Alsace

Logo de all4trees

all4trees

Logo de Sea Shepherd France

Sea Shepherd France

Logo de Association pour la protection des animaux sauvages

ASPAS

Logo de Association Française des Ingénieurs Écologues

AFIE

Portrait de l'auteur

Grégoire Llorca

Formateur en sobriété numérique — DEFI-Écologique

Comment communiquer sur internet de manière écologique ?

Comment militer tout en gagnant sa croûte ?

Chaque jour, je travaille avec DEFI-Écologique en tentant de répondre à ces questions.

Aider les écologistes à transmettre leur connaissances et savoir-faire, c'est ça mon métier !

Je suis aussi militant pour Alternatiba et ANV-Cop21.

 Grégoire est membre de DEFI-Écologique.
Portrait de l'auteur

Julien Hoffmann

Rédacteur en chef — DEFI-Écologique

Fasciné depuis 20 ans par la faune sauvage d'ici ou d'ailleurs et ayant fait son métier de la sauvegarde de celle-ci jusqu'à créer DEFI-Écologique, il a également travaillé à des programmes de réintroduction et à la valorisation de la biodiversité en milieu agricole.

Il a fondé DEFI-Écologique avec la conviction qu'il faut faire de la protection de l'environnement un secteur économique pour pouvoir réellement peser sur les politiques publiques.

 Julien est membre de DEFI-Écologique.

Vous aimerez aussi

Nous sommes navrés, mais suite à des problèmes techniques, le formulaire d'ajout de nouveaux commentaires est temporairement simplifié.

3 réponses à “Militer pour la biodiversité : comment s’engager pour le vivant ?”

  1. Merci pour cet article très civique et engagé. Cette année j’ai remarqué depuis le début du printemps un large fleurissement de coquelicots dans mon quartier alors que je n’en avait pas vu en ville depuis mon enfance. Je me demandais si c’était simplement l’arrêt des pesticides par les collectivités qui a permis son retour, mais peut-être que des bombes à graines y sont pour quelque chose ? En tout cas, j’apprécie énormément et ça me donne envie de semer toutes sortes de fleurs des champs sur les parterres !

    • Merci pour ce commentaire. Dans mon quartier aussi on a observé un retour des coquelicots (et autres fleurs sauvages) cette année. L’arrêt des pesticides par les collectivités n’a que des effets positifs, nous n’en doutons pas !

Répondre à Grégoire Llorca Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *